☰ Franco-Hungarian Literary Relations

Franco-Hungarian Literary Relations

DOR392

3, avenue Sully-Prudhomme Paris 7e
20, Avenue de Breteuil Paris 7e
Date: 12-11-1946
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (30-12-2021)
Folio number: 1

Cher Monsieur,

Cette lettre ne m’empêchera pas de vous revoir le plus tôt possible, je l’espère, mais, étant donné que vous n’afrivez pas à me saisif au téléphone et que vous devez avoir hâte de connaître notre décision, je préfère recourir à ce moyen.

J’ai lu très attentivement votre roman „Sur l’autre rive”, sur lequel, malgré l’absence de quelque 200 pages, je crois pouvoir porter un jugement, dans la mesure où les jugements des hommes sont infaillibles.

Dans votre roman, d’une grande densité à tous les points de vue, j’ai été frappé surtout par votre souci de créer un univers avec son fourni ment d’actes, de sentiments et d’intérêts qoutidiens et, enfin, par la parfaite réussite de votre tentative.

Néanmoins, j’ai l’impression que vous avez dépassé le but et c’est là le plus gros reproche que je me permettrai de vous adresser. La technique que vous avez employée, votre volonté minutieuse effacent, dans une certaine mesure, le relief humain de vos personnages, qui semblent ne pas dépasser leurs gestes particuliers et ne pas prendre un caractère suffisamment général pour nous toucher, et nous toucher comme il conviendrait. Votre sincérité, par ailleurs, ne vous a peut-être pas laissé assez de latitude pour exercer votre choix et la lecture du livre laisse une certaine impression d’uniformité.

Je ne vous parlerai guère des réflexions que vous avez ajoutées à chacun des chapitres, nous en avons déja discuté. Je sais combien vous y tenez mais je crains que par ce procédé vous n’ayez trop alourdi le récit.

En résumé, nous ne nous sentons par le courage d’éditer cette oeuvre massive, d’autant moins que notre programme est fort chargé et que les difficultés auxquelles se heurte l’édition sont toujours très grandes.

Maintenant, pour atténuer la rigueur de mes critiques, qui n’ont que le mérite de la franchise, je voudrais vous parler de vos deux nouvelles. A nos yeux, elles n’ont qu’un seul défaut: ce sont de nouvelles. Pourtant, tous ceux qui au Pavois les ont lues, y cômpris moi-même, ont remarqué leur originalité, leur intérêt constant ainsi que l’allure rapide et serrée des deux récits qui ont la vivacité d’un excellent film. Là encore, malheureusement, intervient la surcharge de notre programme comme elle intervient pour les autres ouvrages hongrois que vous m’avez confiés il y a fort longtemps et que je vous retourne aujourd’hui.

J’ose espérer que vous ne m’en voudrez pas de vous avoir parlé à coeur ouvert.

En vous priant de présenter mes hommages à Madame Dormandi, je vous prie de croire, cher Monsieur, à toutes mes amitiés.