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Franco-Hungarian Literary Relations

GAR417

Date: [1963]
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (24-07-2017)
Folio number: 4

Les débats au Comité Exécutif du {Pen International|2043} ont prouvé une fois de plus qu’il est toujours utile d’y assister.

Comme je l’ai déjà dit de vive voix, il y a eu une discussion assez violente au sujet du professeur Harrich et des écrivains est-allemande détenus en prison. Certains membres de l’Exécutif pour mettre ouvertement en accusation le Pen Est-allemand auraient voulu que le prochain Exécutif se tienne à Berlin-Est, étant donné que les délégués de la R.D.A. n’ont pas pu assister aux réunions de Brighton, le visa anglais leur ayant été refusé. Le {Président Van Vriesland|2124} a poliment écarté cette proposition. C’est alors que le {Professeur Söter|1374}, au nom du {Pen Hongrois|1505}, a invité l’Exécutif – y compris les membres du {Pen en exil|2045} à tenir sa réunion de 1964 à Budapest. Le Secrétaire Général, {Monsieur Carver|1810}, a alors ouvertement posé la question de savoir si les membres d’origine hongroise de l’Exécutif du Pen pourraient eux-aussi se rendre à Budapest manis d’un sauf-conduit. {Söter|1374} a garanti leur totale liberté de mouvement et a ajouté qu’ils seraient les bienvenus. Alors {Paul Tabory|2102} a déclaré : « Il y a trois mois, cette proposition aurait été pour nous inacceptable, étant donné qu’il y avait encore de nombreux écrivains hongrois en prison. Maintenant, nous pouvons l’accepter. »

Je crois personnellement qu’il serait bon qu’un certain nombre d’écrivains importants d’Occident assistent à cette réunion ; leur présence pourrait être d’un grand réconfort pour les écrivains hongrois. Bien entendu, les émigrés hongrois de fraîche date et notamment ceux de 1956 ne devraient pas, à mon sens, assister à ces discussions.

Nous aurions voulu pouvoir exposer devant l’Exécutif les persécutions dont sont actuellement l’objet les intellectuels et en particulier les écrivains de la minorité hongroise en Transylvanie, dont un grand nombre sont paraît-il déporté dans le Delta du Danube. Nous aurions voulu demander à la délégation hongroise d’intervenir à ce sujet auprès de l’{Association des Ecrivains Hongrois|2570} afin que celle-ci intervienne à son tour auprès de l’{Association des Ecrivains Roumains|1766}. Mais pour cela il faut d’abord contrôler les données que nous possédons (noms des intellectuels arrêtés, nombre des prisonners et des déportés). Nous exposerons donc la question à la prochaine réunion, ce qui ne manquera pas d’embarrasser beaucoup la délégation hongroise.

Par ailleurs, à l’occasion de l’Exécutif, il y a eu une vive explication entre {Carver|1810} et {Van Vriesland|2124} d’une part et {M. de Beer|1085} d’autre part, au sujet de la note du bulletin du {Pen Club Français|2042}. Elle s’est déroulée en privé. Je sais qu’elle a été très pénible pour {de Beer|1085}.

Par ailleur, comme je l’ai déjà dit également, {Söter|1374} a expliqué à Brighton la non-venue d’{Illyés|1064} à la Table Ronde de Bruxelles par un regrettable malentendu. Il a pris l’engagement devant {Goffin|1907}, {Radzitzky|3085} et {Gandon|1897} d’intervenir personnellement pour qu’{Illyés|1064} puisse se rendre à Bruxelles à l’occasion de la sortie de son recueil. J’espère que cet engagement formel sera tenu.

En ce qui concerne la Table Ronde, de Bruxelles, je pense qu’elle a été d’une très haute tenue ; à la fin {Goffin|1907} a même déclaré qu’il n’avait jamais assisté à une Table Ronde aussi brillante. Outre les poètes français invités et les Hongrois, un nombre assez important de poètes belges ont assisté aux réunions et sont intervenus dans les débats. Les interventions de {Sadi de Gorter|1839} et d’{Uffé Harder|1920} ont été toutes deux brillantes. Quelqu’un d’autre que moi, peut être {Lucien Feuillade|1885}, résumerait sans doute mieux les débats, car personellement je trouve que les orateurs ont été trop aimables pour ma personne, et pour l’Anthologie Hongroise en général.

Au Gala de la Poésie Hongroise, il y avait beaucoup de monde, aussi bien des Belges, que des émigrés hongrois et des membres de l’Ambassade. Si les Belges avaient fait des efforts du Côté de la Presse, on aurait refusé du monde. Malheureusement, ils n’ont pas laissé entrer les journalistes à la Table Ronde, voulant réserver toute la publicité au Journal des Poètes et quand à la soirée de Gala, seul un bref communiqué diffusé par la {Radio belge|3273} une demi-heure avant l’ouverture des portes, et sur mon instance, l’a annoncé au grand public. Néanmoins, la soirée a été enregistrée du commencement à la fin par la Radiodiffusion française et flamande de Bruxelles et va être diffusée cette semaine. A la fin de la soirée, on a enregistré un poème de {Weöres|1395} dit d’abord par les acteurs en français et {Weöres|1395}, en Hongrois. Je pense que cela rendra très bien.

Il va de soi que nous devons regretter très vivement l’absence d’{Illyés|1064} dû à la malveillance et celle de {Ronay|1362} dû à la maladresse administrative des Belges. Mais la présence de {Weöres|1395} et celle de sa femme ont à elles seules justifié les efforts faits. {Weöres|1395} a été remarquable à tous points de vue. Il a expliqué la véritable situation de la poésie hongroise tour à tour à tous les participants importants (non-publication de ses recueils depuis la Révolution, refus de publier ses oeuvres complètes de {Mallarmé et prêtes depuis cinq ans déjà, des oeuvres « formalistes » s’il en fut et pour lesquelles on ne trouve pas de papier. »)

Au cours des conversations privées avec les délégués « officiels » hongrois, j’ai acquis la certitude que tout le drame à cause du rôle du congrès a été en réalité déclanché par le Directeur de l’{Institut Hongrois à Paris|1657}. J’ai fait de mon mieux pour expliquer aux délégués hongrois qui ont d’ailleurs été plutôt aimables, il faut le dire, que d’abord le Congrès n’a été pour rien dans cette affaire, mais que, quand bien même il aurait été pour quelque chose, il n’aurait eu aucun mal, étant donné que le Congrès a tant fait pour les écrivains et les artistes de toutes les nationalités sans avoir eu vue pour autant les objectifs d’une politique au jour le jour. Les temps de {Staline|2090} où l’on accusait toutes les organisations culturelles y compris le {British Council|1801}, dont les invitations sont maintenant considérées comme honneur en Hongrie sont bien révolus. Je pense qu’aussi bien {Söter|1374} que {Szabolcsi|1380} ont fort bien compris ces explications.