GAR280
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (04-07-2017)
Folio number: 1
Mon Cher Gara,
Voici mon travail et quelques mots d’explication :
Il y a, dans ce que nous faisons, dans cette tentative qu’il m’arrive de trouver pathétique, d’essayer de prêter sa bouche, sa langue à un poète frère, à un ami choisi dans le temps, dans l’espace, il y a un aspect artisanal que je respecte comme je respecte le rythme de tout travail humain.
Mais, il y a aussi ce que j’appellerai un côté « bouts-rimés », un aspect « hôtel d’Assézat » qui par son académisme risque de limiter l’inspiration.
Or, et je souligne, je voudrais que tu le dises à nos amis, une impossibilité totale pour un poète d’interpréter un autre poète s’il ne s’assimile à lui totalement, intellectuellement, spirituellement, et même, j’ose le dire, physiquement. Pour interpréter Radnoti, il faut se vouloir Radnoti, être Radnoti.
Ce préambule est aussi une excuse. Je m’exprime brièvement :
- j’ai employé l’assonance plutôt que la <rythme> rime car un statisticien du langage prouvrerait facilement que ce mode accentue la liberté d’être fidèle d’un pourcentage énorme.
- j’ai écrit au 2e vers « Monsieur T. ». Ce Monsieur fera crier. L’image m’a traversé de Monsieur K. petit employé mettant sa cravate pour mourir. Interprétation abusive ? Je la maintiens croyant être fidèle à Radnoti et à son poème. Pour le reste, j’ai accompli un humble et pieux travail comme mes amis.
- Je me refuse à ce qu’on prenne cela comme une compétition de poètes car c’est à nous tous que nous composerons la traduction idéale.
Pardon à Radnoti.