GAR100
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (01-06-2017)
Folio number: 1
Mon cher Laci
Tu me vois fort embarrassé et contraint pourtant de te dire mon opinion sincère au risque de te causer de nouveau soucis.
J’ai relu plusieurs fois et avec beaucoup d’attention les poèmes que tu m’as confiés. Il me semble que parmi ceux-ci 4 surtout Trapeze et barres, Son être rayonnait, Aventure dans les vignes, Le Cygne s’endort auraient besoin d’être revus. Si brillante que soit l’adaptation ils s’écartent parfois tellement du sens même de certains vers que je crains qu’on ne te reproche d’avoir laissé à tes auteurs prendre trop de libertés. Tu sais tout comme moi combien le recueil va être épluché par certains milieux et il serait dommage qu’on vienne t’attaquer sur ce point. Ne pourrais-tu pas demander à l’auteur ou aux auteurs de ces adaptations de revoir leur texte en leur indiquant les endroits où l’écart entre l’original hongrois et le texte français pourrait faire penser à des contresens ou à une négligence de ta part.
Je m’excuse de te donner ce surcroît de travail. Mais je crois que c’est dans l’intérêt de l’oeuvre. Et il y a tant de reussites dans le corps même de ces poèmes que ce serait dommage de ne pas tout tenter pour qu’ils soient parfaits.
Bien à toi affectueusement
P.S. En ce qui concerne les 2 versions de « Juliska » d’Arany, celle de Manoll est sans conteste beaucoup plus fidèle à la musique. Même remarque pour la version de Chaulot de « La tulipe » de Csokonai. Quant au « Matérialisme » de Szabo dont je ne connais pas le traducteur, les infidélités au sens sont flagrantes. Tu ferais bien de le comparer de nouveau au texte. Pour « En écoutant Mozart » les derniers 22 vers de l’original se trouvent dans l’adaptation française changés en 29 vers, ce qui brise entièrement le rythme. Là aussi, malheureusement, les infidélités abondent. Par contre Babits est en général fort bien traduit et passe excellemment en français, en particulier Sapho et La prière de Jonas.