Mon cher Gara,

vous me voyez desolé car je ne suis pas libre de vous voir cet aprrès-midi, comme convenu. J’espère que ce mot vous parviendra à temps.

Ci-joint le poème reclamé. J’aurais préféré que vous le repreniez plus tôt, avant que j’ai déjà travaillé dessus. Mais votre voix, l’autre jour, avait un accent si impérieux que je ne resiste pas au plaisir de vous être agréable – malgré que vous y verrez à nouveau une manifestation de vanité. Mais raison de plus ! Je rajoute aussitôt quelques ronds de jambe, j’étire les verticales de mon écriture, je la courbe encore d’avantage, la voilà qui verse, comme un jet de parfum dans votre oreille plebeïenne, et vous irrite le tympan – comme le citron recroqueville l’huite – et je m’amuse amicalement à vous mystifier à propos de la vanité que vous me supposez. C’est là ma vraie vanité, mais l’aviez-vous deviné ? Ou faut-il que je courbe encore davantage mon écriture ? Que je la ploie ?

Bien amicalement

Daniel Anselme