BLE PC 300

Paris
Date: 03-07-1968
Language: French
Repository: Private ownership
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (23-12-2017)
Folio number:

Cher Ami,

Je suis navré, croyez-le, que vous n’ayez pas reçu ma lettre – car je vous ai écrit – mais je n’en suis pas étonné. Des tonnes de courrier ont disparu ces dernières semaines après une grève des Postes qui a duré un mois. C’est pour la même raison sans doute qu’est revenu l’article (envoyé 34 Bvd de Grenelle?) mais que j’ai enfin reçu cette fois et vous pouvez imaginer avec quelle joie. Vous seul sans doute, étant à cheval sur deux littératures, pouviez dire en hongrois le goût particulier de la „hungaricité” des Enfants d’Attila dans la bouche d’un lecteur français. Y aurait-il, en revanche un goût français particulier dans une traduction hongroise? Vous me dites que vous envisagez cette traduction – Qu’elle pose des problèmes. A moins que je n’aie pas reçu l’’une de vos lettres, je ne suis pas sûr de savoir quels sont ces problèmes et je suis à votre disposition, il va sans dire, pour répondre, si je le puis, à vos questions. Cette fois, le courrier fonctionne et le mieux serait que vous m’écriviez toujours à l’Express.

Je ne sais comment on a présenté à Budapest les étranges et intenses événements du mois de Mai à Paris. La révolte des étudiants, anarchique, délirante – autant d’idées et de mots que de pavée – venue de la hantise, sans doute, d’une société de H.L.M. D’autre part une grève ouvrière très dure, la plus longue de l’histoire, mais celle- là au contraire née du désir de partager les fruits… Tout est rentré dans „l’ordre” Il n’ y a que la gauche qui soit dans le plus grand désordre et les plus grandes divisions…

Je vous aurais volontiers raconté bien des choses sur tous ces événements si j’avais pu venir cet été àBudapest, comme je l’avais projeté. Cela ne me sera malheureusement possible.

J’attends, à Paris, des américains, un éditeur et un cinéaste qui a quelques idées pour bâtir un scénario aoutour de l’histoire du Viribus Unitis. Nous verrons bien ce qui en sortira.

Où en est votre livre sur Montparnasse? De la vieille gare que vous connaissez il ne reste plus ou milieu des décombres qu’un petit morceau de façade avec l’horloge qui marquera jusqu’àla dernière minute, l’heure d’un monde disparu ou presque.

Encore désolé pour ce courrier en panne, encore réjoui de cet article hongrois

Bien vôtre

G. Walter