BLE PC 158

Paris
Date: 13-01-1979
Language: French
Repository: Private ownership
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (19-10-2017)
Folio number: 1

Cher Ami,

 

J'ai reçu votre lettre du 5 et le synopsis. Je l'ai lu et je l'ai même fait lire à ma femme qui n'avait évidemment jamais entendu parler de cette affaire et qui pouvait donc juger en toute objectivité.

Puisque vous me demandez mon avis, votre texte est un aide mémoire pour historiens ou écrivains qui voudraient s'occuper de ce sujet mais il laisse totalement inexploitées les possibilités cinématographiques qui, je le maintiens, sont réelles. Contrairement à ce qu'on croit, les cinéastes sont des gens sans imagination, à qui il faut présenter les choses bien machées.

A votre place, je ferais un synopsis un peu plus long, dix à quinze pages, mais découpé déjà comme les séquences d'un film: un village hongrois en 1882, avec le seigneur de la région, le sous-préfet, les pauvres paysans, les juifs, etc, le tout sous la houlette de la monarchie austro-hongroise. Puis, tout de suite, le "crime", la disparition de la fillette, les racontars, l'opinion publique, les clans, etc. et ainsi de suite, le "clou" étant bien entendu, la séance du tribunal. Je suis certain que ça vaudrait la peine.

Je suis même surpris que des metteurs en scène ou réalisateurs hongrois n'aient pas pensé encore à ce sujet, mieux placés évidemment que quiconque, mais il peut intéresser aussi sans aucun doute des français, des américains, des allemands de l'Ouest, voire des italiens. A vous de jouer.

Merci de vos voeux; de notre côté, ma femme et moi vous souhaitons une très bonne année avec beaucoup de travail et succès, y compris Tiszaeszlar.

J'ai écrit moi-même à Mme Mandy à New York il y a déjà un mois en lui parlant entre autres de vous. Aucune réponse, ce qui n'estpas un bon signe à son âge, 80 ans bien passés.

Question de Reth, je ne crois pas qu'on se soit occupé de la récupération de quelques-uns de ses tableaux. Dommage, car c'était un très bon peintre, sa cote monte et ce n'est évidemment pas la mort éventuelle de sa femme qui faciliterait les contacts.

Nous avons un vague projet d'aller passer peut-être quelques jours à Budapest ou ailleurs en avril ou en mai. Si vous êtes là, ce que j'espère, je serai naturellement très content de vous revoir.

D'ici là, je vous prie, Cher Ami, de croire à mes sentiments bien cordiaux.

Lucien Corosi