BLE PC 010
Language: French
Repository: Private ownership
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (13-06-2017)
Folio number:
Monsieur,
Madame Isabelle Vital m’a envoyé copie de votre lettre du 22 Septembre. Je vous en remercie beaucoup et pour la diligence avec laquelle vous avez répondu.
Ce serait un grand honneur pour moi, si mon travail était diffusé en Hongrie.
Madame Isabelle Vital m’a révélé toute l’importance de la poésie dans la vie du peuple hongrois. Ce qui, pour un Français représente une sorte de paradis du poète, car dans la période actuelle, la poésie n’a qu’une diffusion très restreinte dans notre pays.
Ce serait aussi un grand plaisir si la première traduction de l’ORDINAIRE AMOUR était faite dans votre pays.
Quant au drame du FUKURYU-MARU, il a peu de chance d'être monté en France ces temps-ci. Du point de vue politique puisque notre nouveau gouvernement réclame hélas, la bombe atomique française, et parce que la situation théâtrale est, vous le savez sans doute, déplorable. Asphyxié financièrement, soumis commercialement, trahi souvent par ceux qui le dirige, le théâtre français stagne, alors qu'il a en lui des possibilités considérables.
Or ce drame épique demande des moyens tels, que à peu près seules les démocraties populaires peuvent avoir.
Vous parlez de « scénario..... coproduction » sans doute pensez-vous cinéma? Cette pièce se prête en effet, très bien à une adaptation cinématographique.
Jean Dasté m'en avait parlé.
Rien encore n’a été fait sur cette histoire des pêcheurs japonnais, presque rien n’a été fait sur l’atroce avenir humain, conditionné déjà peut-être, par les expériences nuclaires (à part les oeuvres japonnaises, comme les Enfants d’Hiroshima).
Je n’insiste pas, vous y pensez sûrement de votre côté.
En tous cas, sur le plan artistique, nous pouvons faire avec le Fukuryu-Maru, en théâtre comme en cinéma, une oeuvre d'avant garde et de portée universelle.
Je dois vous dire aussi, que j'ai été frappé par la qualité de l'art hongrois, que j'ai pu voir àu votre pavillon à l'exposition internationale de Bruxelles. Il y a bien des choses qui rendent proches nos deux peuples. Fait qui ne manquera pas de faciliter l'éventuelle collaboration que je souhaite.
Je vous prie de croire, Monsieur, en mes sentiments bien amicaux.