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Franco-Hungarian Literary Relations

FG_BLE03

Nice
Budapest
Date: 26-10-1975
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (02-08-2017)
Folio number: 1

Mon cher ami,

Conforméméent à une habitude hongroise que je trouve excellente et, en ma qualité d’aîné, j’estime et j’espère n’être pas importune en proposant que désormais nous abandonnions le « vous » français pour passer directement dans nos relations épistolaires et orales au tutoiement que nos sentiments de mutuelle amitié rendent naturel. Je te remercie donc de tout coeur de l’envoi de ton si gentil mot du 15, trouvé à mon retour, avant hier soir, de Paris ainsi que du tirage à part de ce passionnant article de Irodalomtörténet sur cet Ernest Girault dont il fallait bien que ce fût toi pour le tirer de la profonde obscurité dans laquelle il me semble être reté jusqu’à maintenant. Tu es vraiment le sourcier auquel il suffit de faire appel pour que jaillisse l’eau de Jouvence capable même de faire revivre les ombres.

Je suis content que la place donnée à Justh Zsigmond dont nous avions parlé, lors de ton passage par Nice, dans le no spécial de la N.R.F., grâce à l’ordre chronologique adopté à cette occasion, ait attiré l’attention sur lui, comme j’ai pu le constater en parlant avec mes amis Jean Cassou et Nino Frank qui, tous les deux, l’ont découvert avec joie et admiration.

Enfin tu m’apportes une nouvelle à laquelle j’étais loin de m’attendre, celle du projet de traduction de mon « Vieux » roman car, depuis la mort de Szekeres, je croyais qu’on n’y pensait plus. Si tu en as l’occasion, veux-tu dire aux responsables de la maison non seulement combien je m’en réjouis mais aussi que, dans l’eventualité d’une parution à l’étranger, j’avais reçu une lettre des Editions Bernard Grasset qui ont pris la succession des Editions Fasquelle, m’avisant que la propriété des droits de mon roman m’était rendue puisque Grasset n’avait pas la possibilité de le réimprimer. Dans le cas où ils le souhaiteraient tu n’aurais qu’à me le dire et j’enverrais à qui de droit une photocopie de la lettre.

Je te disais au début de ma lettre que j’arrivais de Paris. En effet j’ai fait le 21 à l’Institut Hongrois la conférence qui avait été projetée pour juin et qu’il avait fallu repousser car j’avais à ce moment une philibite et mon médecin m’avait empêché de partir, craignant une embolie. J’ai profité de l’occasion, tu le penses bien, pour parler de toi, citer tes livres consacrés à Paris et faire allusion, dans le cadre de mon hommage à la Hongrie pour l’accueil des prisonniers de guerre français, de la préparation du film consacré à ce sujet. Il semble que la conférence ait intéressé le public en bonne partie français – la salle était pleine – et ait plu aussi bien à Clancier qui assumait la présidence de la séance qu’à Jean Rousselot. J’ai profité de mon séjour à Paris pour obtenir que, lors de la parution chez Oswald des traductions de Jean-Luc Moreau des poèmes de Radnóti et du « héron » de Hubay la N.R.F. en parlerait. (C’est moi qui écrivais sur le « héron », un poète du groupe de Grosjean devant être chargé de la note sur Radnóti. Par ailleurs, Rohou va écrire sur le « Libertinage et Révolution » de Nagy Péter paru dans « Idées ». Son nouveau roman va sortir au printemps chez Calmann-Levy. Il m’a naturellement raconcté combien il avait été ravi de l’accueil que toi et ta femme lui avez reservé. Il a fait à « France culture », dans le cadre des émissions littéraires de Vrigny le jeudi matin, un récit de son voyage en Hongrie et je suis heureux d’avoir vu se réaliser ce projet que j’avais formé, il y a près de 2 ans pour lui. J’ai demandé à Corvina de te faire le service de mon petit bouquin sur Diener-Dénes Rudi (préface de Illyés) qui va sortir bientôt. Si tu as l’occasion d’en écrire quelques part !

Mon cher Endre excuse cette écriture et cette lettre baclée mais je suis au lit avec un ofrt vendème des 2 jambes, résultat semble-t-il de la fatigue dûe à la masse de choses que j’ai dû faire à Paris – sans parler des visites à mes deux médecins – mercredi encore. Bien à toi, de tout coeur.

FGachot

Merci aussi de l’indication relative aux Mémoires de Rippl-Ronai que je ne connaissais pas. Je demanderai qu’on me les prête.

(Oui, les revues arrivent régulièrement. Merci.)