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Franco-Hungarian Literary Relations

FG_TI50

Nice
Date: le 27 juillet [1972]
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (26-07-2017)
Folio number: 2

Ma chère Ili,

Ta lettre est arrivée en 6 jours, ce qui n’est pas toujours le cas avec la correspondance entre la Hongrie et la France. Pour répondre à ta question, je n’ai malheureusement qu’un seul exemplaire du numéro de Irodalomtörténet où a paru la 1e partie de mes souvenirs. Il s’agit du No 1971/4. Il a paru fin avril. Je ne sais pas si on le trouve encore à la librairie de l’Académie Vaci u. Il paraît qu’il n’est jamais facile de se procurer les numéros. Si j’avais un 2e exemplaire je te l’enverrais avec joie. Mais la revue malgré ma demande ne m’a fourni que mon exemplaire d’auteur.

Comme je répondais hier à une lettre de Klari je lui ai suggéré d’aller te voir pour qu’elle prenne contact, au moins elle, faute de moi, avec tes tableaux, lui disant combien les reproductions en noir nous avaient plu, à sa mère et moi. J’espère si elle est à Budapest en août – ce qu’elle ne dit pas qu’elle le fera. Elle pourrait aller chez vous avec Kati. Tu ne la reconnaîtras pas l’ex petite fille que tu as peinte. Elle est très grande, trop forte malheureusement, mais intelligente, sensible à l’art. Si tu veux téléphoner à Klari qui habite maintenant Bpest VII Muranyi u. 51 III. Em. Voici son numéro 428255. Elle sait donc par moi que tu es actuellement à Budapest.

J’ai été très surpris du voir que mes souvenirs ont été lus pas tant de personnes. Un jeune professeur de Miskolc vient de me demander de lui répondre à toute une série de questions relatives à mes relations avec Kassak qur qui il écrit une thère de doctorat. Avant c’était un étudiant de Budapest qui voulait que je lui parle de Komor Andras sur qu’il écrit quelque chose. Et puis des États Unis Gergely Tibor qui ayant lu ce que j’écrivais de Lesznai Anna avec qui il a vécu jusqu’à la mort de celle-ci et que nous avions vu souvent avec elle avant leur départ pour New York qui me demande si je ne voudrais pas traduire le roman de celle-ci qui a paru peu de temps avant qu’elle ne meure. J’en ai entendu beaucoup de bien mais ne l’ai pas lu. Je suppose qu’il va me l’envoyer. De Londres, un de mes anciens élèves de la Bulyovszky u. musicien, qui veut renouer le contact. Par hasard je me souviens très bien de lui qui avait déjè une personnalité marquée et c’était il y a au moins 40 ans. La revue Nagyvilág va publier le 1er septembre le texte – un peu raccourci – de la conférence que j’ai faite au Pen Club sur les écrivains français que j’ai connus. Je pense que ton fils pourra facilement se procurer le No et te l’envoyer ou te le donner quand tu viendras à Győr pour ton exposition, si cela t’intéresse.

Mais je parle beaucoup trop de moi. T’ai-je écrit qu’en ce moment je traduisais 2 petits romans de Krúdy Bukfenc et Az utitárs. Les connais-tu ? J’essaierai de les placer chez un éditeur parisien qui accepterait de donner son nom, la maison d’édition hongroise Corvina s’occupant de les faire imprimer. Ce n’est pas tout simple.

Je tâcherai – mais là aussi l’éditeur français m’a fait des difficultés – d’obtenir même en payant le volume moins les 30% qui me sont en principe consentis – d’avoir encore un exemplaire du livre qui j’ai donné aux Editions Planète il y a 3 ans « Les chefs d’oeuvre du rêve ». C’est un très beau volume et très bien illustré : une anthologie à laquelle j’ai travaillé pendant 2 ans de recherches à la Bibliothèque de Nice et à la Bibliothèque Nationale à Paris (sans parler de tout ce que j’avais trouvé avant dans ma bibliothèque). Textes des écrivains français depuis le Moyen-Age jusqu’à nos jours qui ont soit raconté leurs propres rêves soit inventé des rêves qu’ils prêtent aux heros de leurs contes ou de leurs romans. Je n’ai presque rien touché matériellement mais tous ceux qui ont eu le livre entre les mains en ont été ravis. Si j’arrive donc à l’avoir, je te l’enverrai ; je suis sûr que tu auras plaisir à le lire.

Le 6 octobre tu seras à Győr et moi à Karlsruhe où je dois faire le 4 une conférence à la {Société franco-allemande|} sur le douanier Rousseau et Csontváry. J’ai dû lutter pour faire accepter Csontváry que personne ne connaît (bien qu’il y ait travaillé pendant 3 mois avec un peintre allemand de l’époque) mais j’ai trouvé interessant de marquer à la fois les quelques points de ressemblance et les différences entre les deux.

Quant à ta peinture, j’aimerais d’autant plus que Klari et Kati la voient que tu m’écris que c’est la couleur qui est ton fort, alorsque déjà les reproductions en noir sont pour moi très prenantes et montrant à quel point les tableaux sont solidement construits et d’une évidente riche matière picturale. Mais j’espère bien avoir l’occasion d’en voir, un jour.

A Budapest j’ai pu, par permission spéciale du médecin, aller embrasser 3 minutes dans sa chambre d’hôpital Z. Gacs Gyurka qui venait d’avoir un 3e infarctus – je ne sais pas si tu l’as su. Il est maintenant, m’écrit Klari, à la maison, mais ne doit pas bouger. Elle lui a parlé au téléphone. Agnès nous a montré ce qu’il faisait. J’ai été heureux de voir qu’à côté de l’aspect cybernétique de son oeuvre, il n’avait pas abandonné la peinture et le dessin et dans ce domain fait de belles choses. J’ai naturellement revu Marianne et par les catalogues pu me rendre compte de ce qu’elle faisait. Toujours très elle-même, pas de vraie évolutions, mais ce n’est pas sans qualités, il me semble, toujours dans la même note.

Nagy Imre existatit-il déjà à l’Académie quand tu y étais ? Nous le voyons souvent. Il a épousé une Ecossaise qui est d’une gentillesse adorable et qui avait acheté auparavant une maison dans un village au dessus de St Tropez, à Gassin où ils habitent. Il avait à la suite de travaux forcés contracté de terribles histoires à la colonne vertébrale. Et souvent dû passer une année entière sans pouvoir peindre. Il va un peu mieux et a recommencé à travailler ces derniers mois. Il est abstrait. Je n’ai pas vu la période actuelle. Quand ils seront de nouveau à Gassin, nous les reverrons.

Irène va maintenant bien. Elle avait fait 2 années de suite à Paris des chutes, petite fracture de la colonne vertébrale, et grande décalafracation. Elle a dû rester complètement au lit plusieurs semaines à deux reprises. A condition d’être étendue chaque jour 2 ou 3 heures, elle a maintenant toute son activité ? Mais c’est moi qui fais le marché et l’aide pour certaines choses.

Ton mari est-il sensible à la peinteure ? Comment l’es-tu connu ? En tout cas, le fait que tu puisses peindre (où travailles-tu à Linz – pièce assez claire ?) est essentiel. Je te parlerai une autre fois des quelques amis que nous avons ici. Nous sortons peu. Pas de vie mondaine, heureusement. Je travaille, je lis, j’écoute de la musique, parfois une exposition. Les amis : peintres, antiquaires, libraire.

Mille tendresse à ta chère maman – je suis triste de savoir qu’elle ne va pas très bien. Quel âge a-t-elle ? Tu sais que demain j’en aurai 71. Et tendresses à Gyuszi et à ton fils. Amitiés d’Irène. Je t’embrasse très fort ma chère Ili

François