☰ Franco-Hungarian Literary Relations

Franco-Hungarian Literary Relations

FG_TI49

Nice
Date: le 7 juillet [1972]
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (26-07-2017)
Folio number: 2

Ma chère Ili,

Je viens de recevoir ta lettre. Inutile de te dire combien j’en ai été heureuse aussi que des deux catalogues de tes expositions. La première réflexion d’Irène qui est généralement assez critique a été pour dire combien, d’après les reproductions, même si elle n’étaient qu’en noir, tes veuvres lui plaisaient. Quant à moi j’ai le sentiment que tu es devenue un très très bon peintre, à la fois personnelle, en gardant les qualités que tu avais déjà autrefois, mais avec plus de force, un sentiment très vif des rapports et une poésie très prenaute ? Et par dessus-tout une peinture très picturale où tout est en place : valeurs et formes. Il n’y a jamais eu de doute à ce sujet mais tu n’as cessé je le vois, au cours des années, d’aller de plus en plus loin dans ta ligne et de parvenir à cet approfondissement qui est ta marque. Quand tu me dis que tu es restée fidèle à la peinture, je serais tenté de te répondre qu’au contraire de ce que j’ai vu souvent se passer avec des artistes doués, c’est la peintire dans son acception la plus large qui t’est restée fidèle, en ce sens qu’elle et toi vois ne faites qu’un et qu’avec les années cet accord avec ton être n’a fait que croître de la façon la plus heureuse. C’est très grande chose et peut-être plus essentiel que ce qui, sur un autre plan, ne t’a pas été donné.

Oui ton fils que je n’ai eu le temps que d’entrevoir sans pouvoir beaucoup parler avec lui m’a dit qu’il était ingénieur de bâtiment et m’a fait une excellente impression. J’ai su par lui que ta mère vivait et tu imagines non seulement à ce moment mais lorszue j’ai circulé en voiture à travers Budapest combien de souvenirs qui nous sont communs ont surgi avec force et aussi avec nostalgie. Tant de lieux manqués par ta présence et où l’écho de ta voix, tout ton être n’ont rien perdu de leur magie.

Tu sais que toute mon invitation à Budapest par l’Union des écrivains est sortie de l’initiative de mon ex-élève, aujourd’hui professeur à l’Université, de me demander d’écrire pour sa revue Irodalomtörténet mes souvenirs. La première partie avait paru fin avril, la 2e vient de paraître dans le nouveau numéro 1972/1 de cette revue. J’y citais ton nom quand je l’ai écrit en août dernier à propos de notre oeuvre commune Kakas Ferko. Je n’ai reçu qu’un seul exemplaire et par l’éditeur impossible d’en avoir un 2e sinon je te l’aurais envoyé. Mais j’ai su qu’à Budapest on peut acheter l’Irodalomtörténet à la librairie de l’Académie Vaci utca. Si tu es à Budapest bientôt et veuille l’avoir, tu pourras y trouver ton nom après celui de Cserepfalvi.

J’espère, tout de même, qu’un jour vous pourrez venir à Nice. Le contact étant heureusement repris nous allons continuer de nous écrire. Je suis ravi de voir à quel point tu écris bien le français. Amitiés à ton mari mille mille tendresses à ta maman, à ton fils, à tes frères. Amitiés d’Irène. Je t’embrasse de tout coeur ma petite Ili

François