☰ Franco-Hungarian Literary Relations

Franco-Hungarian Literary Relations

FG_TI25

Budapest
Date: 30-06-1942
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (07-07-2017)
Folio number: 1

Ma petite Ili chérie

Je suis en pull-over à la terrasse du Duna-Corso guettant une fois de plus le soleil, trouvant que pour un été c’est plutôt une débauche de vent et de nuages et je me demande comment à Gombos, à moins que tout ait changé depuis ta lettre, il peut faire si chaud. Ou bien si j’ai froid surtout parce que tu n’es pas là. Je ne suis pas très content de la nouvelle que j’ai commencée. Si d’ici quelques jours je vois que ça ne va vraiment pas (j’ai recommencé quatre fois le début) j’en écrirai une autre. J’ai depuis hier (effet de ta lettre) une idée. Si j’en tire ce que j’aimerais ce serait assez bien je crois. Et c’est de nouveau un peu en rapport avec toi du moins la première pensée. J’aimerais y travailler au Balaton en sentant ton regard proche et que toute la fiérie qui émane de toi passe dans les phrases. De nouveau il y aura la mer et une ville dans le genre de Nice. Ma rêverie t’y promène déjà tu vois, en attendant.

Hier après avoir travaillé et jeté ce que j’avais fait l’après-midi je suis allé chez Noemie qui a terminé une tapisserie avec Hoffmann Edith. Après diner nous étions chez les Kousz[ ?]. C’était plutôt ennuyeux (je crois plutôt que je m’ennuie partout où tu n’es pas où là où je ne peux parler assez de toi, comme chez Böde). Très littéraire je me suis occupé avec Szerb de l’anthologie et en principe ils se sont mis d’accord avec moi sur le choix de 2 ou trois nouvelles que j’aime : une de Giraudoux, une de Larbaud, une de Cassou et que je me réfouis d’avance de voir figurer avec la mienne dans le livre. Puis avec Staud (le dramaturge du théâtre Madach nous nous sommes occupés de la saison prochaine et aussi d’un très joli roman de Larbaud que Nandi va traduire pour leur série) j’aurais voulu aussi trouver du travail pour toi au Madach mais quand j’ai entendu à quel point Pünkösti avait mauvais goût et combien il avait mal payé Hincz pour les affiches de Henri IV et le reste je me suis dit que ce n’était vraiment pas la peine. Mais tout de même pour le roman de Larbaud pourrait-on essayer. Je vais encore revoir Staud. Ce matin je suis allé à la Nouvelle Revue et voilà. Ili chérie, ne me fais plus peur en tardant à m’écrire. Une carte à la maison si c’est difficile d’écrir en français toute une lettre. Le monde ne se ressemble plus quand j’ai un mot de toi. Je t’embrasse pour toutes les heures qu’on nous volt et je t’aime comme jamais.

je François