☰ Franco-Hungarian Literary Relations

Franco-Hungarian Literary Relations

FG_TI33

Nice
Budapest
Date: 14-10-1947
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (26-07-2017)
Folio number: 1

Ma petit Ili

J’ai été tellement malade en arrivant en France que je recommence seulement maintenant à faire autre chose que penser à dormir, être étendu, me soigner. C’est te dire que je n’ai rien goûté de Paris. (J’y suis resté le jour attendant d’avoir des places pour le train de Nice.) J’ai vu un film, le Diable au Corps, le Salon d’automne (mauvais), le Musée d’Art moderne de beau Matisse, Braque, Bonnard, Morault[?], des Picasso dont je n’aimais qu’un ou 2, des Marquet. Ici je me suis reposé sans bouger. Il fait un temps admirable et de onze heures à 3 heures assez chaud pour se baiger. Je lis beaucoup, du Goethe, du Proust, des poèmes. J’ai été trop fatigué jusqu’ici pour écrire. J’ai plutôt rêvé autour de projets littéraires mais ma maladie en me forçant comme malgré moi [ ?] Peut-être quand je serai guéri. Je compte repartir pour Paris entre le 26 et le 28 et je serai à Budapest dans les premiers jours de novembre. Comme je n’ai pas encore écrit à la Légation en donnant des dates, ne dis rien s’il te plait à Gyuszi de précis. Je dois voir encore le médecin. Et toi comment vas tu ? Travailles tu ? J’ai beaucoup pensé à toi devant les tableaux. Et pensé à tes dernières toiles. Tu sais que je les aime et je suis curieux de les revoir en sortant de Paris. L’impression que j’ai gardée continue de vivre en moi. Je ne crois pas me tromper en y trouvant des qualités qui seraient à leur place en France. Et je suis sûr qu’où tu travaillerais avec joie. Tout est d’une beauté à la fois calme et exubérante, tellement pictural. Il y a aussi une raison de plus pour laquelle je pense beaucoup à toi. Je t’ai promenée en rêve dans ma nouvelle à travers cette ville et tes yeux verts n’accompagnent chaque foir que je regarde cette partie de la ville. Je n’ai pas le droit de monter des escaliers et tout ce quartier de rues montantes m’est interdit pour le moment. Aussi reste-t-il pour moi doublement chimérique, merveilleux et interdit. Je n’ai eu encore nouvelle de Budapest. Il est mai que je n’ai écrit à personne incapable dans l’état dans lequel je me trouvais de concentrer ma pensée sur n’importe quoi de précis. Si tu me réponds tout de suite j’aurai encore ta lettre par avion. Ecris moi Poste restante : Nice Poste Wilson. Ma petite Ili j’espère rentrer en bon état, bruné et de bonne humeur pour pouvoir te raconter un tas de choses qui t’intéressent de gouter près de toi cette [ ?] foie que nous avons [ ?] à nous baigner ensemble l’après-midi tout près de chez toi. Dis mille chose à tout le monde autour de toi. Je t’embrasse très tendrement et je regarde tes yeux que j’aime.

je François