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Franco-Hungarian Literary Relations

FG_TI30

Budapest
Date: 25-07-1942
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (07-07-2017)
Folio number: 2

Ma petite Ili chérie

J’ai reçu ta carte de jeudi hier soir. J’ai été à la fois heureux d’avoir des nouvelles et à la fois affresusement triste de voir que ta venue n’est pas sûre. Je t’imagine desespérée au milieu de cet horrible déménagement dont tout le poids est tombé sur tes épaules fatiguée horriblement et seule. Aussi je ne veux pas ajouter à tes ennuis par mes propres plaintes. Nous nous raconterons tout lorsaue nous nous revions. Je te demande simplement dès que tu peux venir ou non. D’abord il fait qur je sois fixé pour les chambres et d’autre part si tu ne viens pas nous rentrons nous aussi à Budapest le 1er. J’espère même dans ce cas rentrer le 31 au soir pour être à Pest le samedi 1er. Au plus tard nous prendrons le samedi matin le train de 7hres. Dans ce cas je serai le samedi après-midi 1er à cinq heures et quart (17h15) devant le Belvédère (c’est bien Belvédère ce machin qui est en bas de votre villa à l’endroir où le tram 44 s’arrête). Sous aucun prétexte ne manque d’y être c’est près de chez toi et tu imagines avec quelle impatience et le coeur battant je t’attendrai. Et mets ta montre à l’heure. Si tu peux venir ici, même en admettant que tu ne sois pas libre de partir avant mercredi ou jeudi tu aurais onze ou douze jours à passer ici avec nous car dans ce cas nous resterions jusqu’au 10 août. Le fait que Margot rentre, elle le 1er, ne peut pas t’empêcher il me semble de venir puis que ce n’est pas elle qui t’invite. Mais cette fois je te demande une réponse définitive et sûre car nous avons besoin de savoir pour nous mêmes faire nes arrangement. Comme tu ne peux ici m’écrire que des cartes officielles il m’est très difficile de lire entre tes lignes si en plus des difficultés dûes au déménageùent tu crains d’être à court d’argent (à cause des grandes dépenses du transport). Tout compris ton séjour petit déjeuner 2 repas chambre te reviendra à 7 P. 50. Dix pengős de billet puisque le retour à partir de 8 jours de séjour est gratuit. C’est juste 10 P. de plus que ce que je t’ai procuré en faisnat acheter l’aquarelle. Tout cela je te le dis sont des suppositions puisque tu ne peux m’écrire aussi franchement que nous le souhaziterions. Une chose est sûre. Nous ne restons que si tu es absolument sûre de venir. J’attends donc ta réponse immédiate. Tu auras cette lettre je suppose lundi matin (je vais à Fonyod la porter cette après midi) et je pense que d’ici lundi ta mère étant déjà arrivée depuis 3 jours tu verras un peu plus clairement comment se présente la situation. Si tu décides de venir et que ta lettre risaue d’arriver après l’arrivée du train envoie un express ou une dépèche comme je te l’ai dit chez les Horvath Wekerle Sándor u. 44. Bélatelep Kertvaros. Naturellement je tiendrais beaucoup à ce sue tu viennes. Je ne suis ici qu’à cause de toi et tu te rappelles sans doute combien je craignais d’avance ce qui arrive. Mais je ne veux pas ne pas être compréhensif car je suppose bien que si celà dépendait le moins de toi tu ne me causerais pas cette affreuse déception. Comme si je pressentais tes ennuis et leur conséquences j’ai été terriblement désespéré ces deux derniers jours. Une seule chose j’ai pu me réfugier dans le jardin de cette fameuse villa où tu devrais où nous devrions avec toi habiter, où d’avance je t’imaginais et où comme il n’y avait personne j’ai pu travailler et souffrir comme une bête blessée. Je crois qu’àprès tout ça tu mériterais et que je mériterais aussi un peu plus de chance. Je mets beaucoup d’espoir dans ma pièce. Il faut qu’elle soit non pas bien mais quelquechose qui compte et qui apporte une telle somme de douleur et de beauté qu’avec ou sans succès j’aie valu la peine d’exister. C’est certainement l’épreuve la plus dure que je me sois fixée. Il s’agit maintenant ou de réussir ou de constater que je ne suis pas fait pour une pareille tâche. Hier j’étais comme je t’ai vue parfois lorsque tu sens que d’un coup de pinceau tu as tout âbimé. J’ai recommencé ce matin. Peut être maintenant et pour quelques scènes estèce moi qui serai le maître. Et il y a ce qui me console une vie intense de cruauté et de souffrance qui à quelques moments me semble en faillir. Vie dont tu restes d’ailleurs la source et le point fixe. Tu comprendras mieux le tout quand tu liras ma nouvelle et que je t’expliquerai quel personnage (différent par ton rôle et les conditions même du drame) tu joues dans la pièce. Après cela je ne pourrais guère que te redire mon amour, mon amour qui prend toutes les formes et qui me brûle sans arrêt. Quoi aue le sort nous réserve quoi qui que ce soit pense de moi je sais que dans cet amour j’ai mis tout ce que j’avais de meilleur (si j’ai quelquechose de bien) de plus profond, de capacité de dévouement et de souffrance et de confiance et que de cela je n’aurai jamais honte. Mon amour chérie, j’attends une carte qui me fixe sans tarder. Je t’embrasse de toute la force de mon amour.

Je et je François

Naturellement je fais semblant de t’écrire une carte en plus de laquelle j’envoie cette lettre. Tu recevras donc une carte qui dit la même chose.

Hier aussi lettre de Böde qui se plaint (sans te nommer) qu’une de ses amies, malgré toutes ses exhortations, ne lui réponde pas. Je lui écris aujourd’hui je lui dirai comment se présente la situation.

je Fr.

Je t’écrirai encore demain.