FG_BLE63
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (02-08-2017)
Folio number: 1
Mon cher André,
J’ai reçu à quelques jours de distance ton envoi de ta très intéressante étude consacrée à Georges Demény et ta lettre du 25 juin accompagnée de toute une riche moisson de tes articles sur divers sujets dont je te parlerai au fur et à mesure.
Que je te dise d’abord que n’ayant eu aucune nouvelle de Garai depuis longtemps je lui ai mis un mot à l’adresse de la Faculté des Lettres (faute d’avoir son adresse personnelle) pour lui demander s’il ne voudrait pas venir avec sa femme et ses 2 petites filles goûter à la maison ce dimance 4 juillet. Il y a longtemps que j’avais projeté de les inviter mais j’ai eu et Irène de son côté un certain nombre d’ennuis de santé. [...]
Parmi tes articles celui consacré à Babits me donne l’occasion de t’apporter un renseignement complémentaire à propos du passage consacré à « Babits-versek franciául ». Il me semble que tu n’as pas trouvé trace du fait que dans le numéro de juin 1932 d’europe pages 204 à 207, se trouvent et la traduction que j’ai faite en collaboration avec Paul Ronai et Emile Tosi de 3 poèmes de Babits : « Rébus », « Aigre-Doux », « les âmes qui se dévêtent » et 35 lignes en petits caractères que j’ai signées F. G. Consacrées à la vie et à l’oeuvre jusqu’alors parue de Babits. Je ne possède pas le No d’Europe. Mais je t’enverrai à part, dans une semaine environ, la photocopie de la photocopie que je possède de ces 4 pages de revue.
Comme je tiens Jean Edern à la fois pour un excellent écrivain, un merveilleux pamphlétaire, un très grand menteur et hableur, plus que versatile dans ses opinions et j’en ai eu des preuves par quelqu’un qui fut son camarade de lycée extrêmement infidèle à l’égard de ses meilleurs amis et que rien n’arrête quand il s’agit de sa publicité, je me suis amusé de ce que tu as écrit par deux fois sur lui. Par ailleurs, j’ignorais tout de l’origine du fameux esterhazy et je doutais même de l’authenticité de son nom. Tu es imbattable quand il s’agit de toutes ces questions, entre autres. Je vois que tu continues à regretter de ne pas avoir connu Picasso. En ce qu me concerne je l’ai un peu connu par l’intermédiaire de mon grand ami, le jeune peintre catalan Pedro Pruna dont tu as pu voir chez moi 2 toiles et des dessins. C’est aussi à l’occasion du mariage de Pruna dont il était le témoin qu’au moment où nous entrions ensemble à l’église Picasso m’a demandé de lui garder pendant la cérémonie le beau chapeau Melon tout neuf qu’il avait acheté à cette occasion et qu’après les félicitations aux mariés avant que nous nous rendions à pied au domicile de la mère de la mariée, rue des Mathurins pour la réception, buffet et coupes de champagne, je lui ai rendu en bon état tout en bavardant avec lui. C’est ce qui a fair dire à notre ami commun Nino Franck que j’avais eu bien tort de le lui rendre. J’aurais pu sans cela l’exposer un jour dans mon « futur salon » sous un globe de verre avec une étiquette : Melon porté en 1924 par l’illustre peintre Pablo Picasso. Je suis parti quelques mois plus tard pour Budapest et n’ai donc pas eu l’occasion de poursuivre nos relations. Bien sûr j’aurais pu, une fois installé à Nice, chercher à le revoir. Mais pas plus qu’avec d’autres anciens amis de cette époque sauf des intimes commes Cocteau et Green je n’ai cherché à revoir quand il était encore temps Marie Laurencin et Louise de Vilmorin que je voyais chaque jour Galamb u. à Bpest et qui m’avait fait dire d’aller avec Irène le voir à Verrières le Buisson. Ce n’est pas mon genre. Et bien sûr je me réjouis chaque fois que je lis un article consacré à un de tes livres en même temps que je te retrouvais bien photographié parmi les collaborateurs du Uj Tükör, à côté de Aczél. Lorsque je verrai Maul[ ?]ni je lui parlerai des lignes que tu as consacrées à la visite des évadés français et de la façon dont tu as été prevenu à la dernère minute par Lemaire de leur séjour.
Je reçois beaucoup de publications de Hongrie mais pas La Revue de Hongrie. A Menton à propos des expositions Dombay et la jeune peintre hongroise j’ai vu les Grosz et ai passé quelques heures avec les Dornis chez eux. C’était extrêmement gentil et, bien sûr, nous avons parlé de toi. Les Dornis sont en effet à Leányfalu. Mais d’une part István a eu un accident de voiture et d’autre part Lelly doit travailler comme une négresse blanche pour son exposition de Vác qui aura lieu fin août. Je suppose que jusqu’à cette époque elle vit uniquement comme une cénobite, ne faisant sige à personne dans la crainte de ne pas être prête à temps. En effet elle n’a emporté de Nice aucune toile souhaitant montrer des oeuvres absolument inédites. Je ne sais pas qui est le « puissant Blunal » et je ne connaissais pas même le ttitre des romans de Jobert. J’espère que ta démarche en faveur de la légion d’honneur pour Illyés aura un plein succès. Il la mérite plus que n’importe qui depuis longtemps. N. Csaba m’a écrit en effet qu’il partait pour Paris avec sa 2e femme et qu’il viendrait nous voir. Je lui ai répondu en lui donnant plusieurs adresses d’hôtel, sans quoi il risaue s’il n’écrit pas d’avance de ne trouver aucune chambre. Mais comme il m’avait prévenu assez tard j’ignore s’il a reçu ma lettre avant son départ.
Dimanche soir 4 juillet Garai était pour une semaine environ à Budapest, c’est sa femme qui a reçu ma lettre et est venue gentiment avec leurs deux petites filles m’apporter ton livre avec la belle dédicace. En même temps elle m’a laissé un numéro recent de Film Szinhaz Muszika qui contient ton article sur Pierre Dusz [Dusi ?]. Je téécrirai dès que j’aurai lu au moins une bonne partie de ton livre.
Merci encore pour le beau livre qui a un titre merveilleux tiré à juste titre d’Eluard dont on a peine à croire qu’il sort mort bientôt depuis 30 ans.
Bien à toi mon cher André,
P.S. En même temps que la lettre voici les pages en question d’Europe.