FG_BLE15
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (02-08-2017)
Folio number: 1
Mon cher Endre,
J’ai fini par recevoir, trois semaines après ton envoi, ta lettre du 27 mars accompagnant le manuscrit de ton étude n’ayant rien vu dans « Les Nouvelles Littéraires » du 15 avril à propos de la note que je leur avais envoyée au sujet de la présentation de ton adaptation de l’Espoir, je comptais regarder si elle se trouvait dans le No du 22. Or le numéro n’était pas encore aujourd’hui à la bibliothèque où il devait être normalement arrivé samedi. Dès qu’il sera là, Rohou me fera signe après, avoir regardé lui-mêmes’il sort quelque chose qui nous intéresse. Je t’avertirai donc, s’il y a lieu.
Le Festival du livre débute samedi 1er mai. Il y a un an tu étais là et nous avions pu bavarder un bon moment. Dommage que, cette fois, je ne te voie pas.
J’ai lu avec beaucoup d’attention ton travail sur Emma Teleki. Je suis de nouveau confondu par l’étendue de ton savoir et la variété des perspectives que tu ouvres, non seulement sur le plan des relations de cette femme étonnante avec Michel et entre autres et ceux de son groupe, mais sur le courant prohongrois qui s’était développé en partie à son instigation dans la France d’après 48. Et je vois qu’elle fut aussi un écrivain fécond, d’une vaste culture comme tu l’indiques avec justesse et capable de traduire la poésie tout comme la prose. Et ce n’est pas sans grand amusement que j’ai retrouvé dans ton texte le nom de Justh Zsigmond et son plus que malicieux qualificatif d’Emma « Két lábon járó mumia ».
Tu me diras si tu veux que je te renvoie ton manuscrit maintenant que je l’ai bien lu et savouré comme il le mérite.
Tu as dû être content de trouver enfin la trace du fils de Félix de Gerando ; toi qui cherchais depuis longtemps qui existait encore de la famille. Ce que tu me dis de la réponse de Bounin au sujet de l’apposition de la plaque sur l’immeuble qu’avait habité Jokai ne me surprend pas. T’ai-je « crit-le, savais-je déjà alors que notre ami Rohou a demandé sa mutation pour Pau ? Il en a assez de voir la totale indifférence de la municipalité (du maire surtout) à l’égard de la bibliothèque dont le nouveau local est toujours en suspens et le restera encore x années, et de tout ce qu’il fait en général. Peu de chance pour que les demandes faites par certaines personnes pour que quelques chose change à cet égard de la part des ervice municipaux et que dans de nouvelles conditions il accepte de rester, produisent un résultat.
Je me demande ce qui vous a incité, toi et Nagy Csaba, à croire que j’avais collaboré à l’anthologie de {Hankiss|}. Je ne l’ai guère connu et il ne m’a jamais pressenti dans ce sens.
Ton anthologie « Párizs, Ábrándja mindenkinek » sera une révélation certainement. Mais, vraiment, il n’est pas facile d’intéresser les directeurs de revues ou éditeurs français à ce que la Hongrie fut et reste, même sur le plan des relations intellectuelles et artistique franco-hongroises. De temps en temps un miracle ; la note que Rohou avait depuis longtemps écrite sur « Le Libertinage » de Nagy Péter et qui a paru dans le no d’avril à la N.R.F. et celle que j’avais écrite sur la pièce de Hubay traduite par J. L. Moreau dont j’ai reçu les épreuves pour le no de mai. Ne pas désespérer, c’est tout ce qu’on peut faire...
Dommage que ton voyage n’ait pas lieu cet été. Mais, chez vous aussi, les « phynances ! »
Je suis curieux de lire dans le Nagyvilág ta traduction de la fin du livre de Cl. Mauriac. Sûrement passionnant.
Rohou t’envoie ses amitiés. Il travaille en silence mais, lui aussi, est arrivé au point où il ne se fait aucune illusion.
Bien à toi affectueusement, mon cher André