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Franco-Hungarian Literary Relations

RJ_IGY0074

90 R. de St Nom 78 L’Etang la ville France
Jozsefhegyi u. 9 BUDAPEST Hongrie
Date: 22-09-1966
Language: French
Repository: Private ownership
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (30-04-2017)
Folio number:

Cher Jules,

Voilà déjà longtemps que je veux t’écrire mais le temps m’a manqué et, de plus, en juillet, et ces jours-ci encore, j’ai eu de nouveaux ennuis de santé. Les vacances ont été très brèves et, pour moi, laborieuses. Nous nous sommes bornés à une quinzaine chez Claude, en Angleterre, au mois d’août, tandis qu’Anne-Marie était en Italie et à Monte Carlo, où une situation se dessine pour elle (peut-être). Nous aurions bien aimé rencontrer Ika, à Londres, mais elle ne nous avait pas donné son adresse. Je pense qu’elle est maintenant rentrée à Budapest ?

J’espère que pour toi et toute la famille les choses vont bien. Je n’ai toujours pas reçu le livre sur toi qui est annoncé par Seghers comme étant paru. Et cela, bien sur, me fait ressouvenir du cher Gara. Je suis allé sur sa tombe, l’autre jour, pour faire un de ces gestes sans doute vains, mais qui consacrent tout de même la fidélité à une pensée. Ces jours-ci, j’ai vu chez elle Mme Gara. Elle m’a parlé d’une sombre histoire de manuscrits légués par Ladislas à un sien neveu, qui voudrait s’en servir pour je ne sais quel marchandage. Je ne sais trop de quoi il retourne exactement et je n’ai pas l’intention de m’en mêler.

Les « Journées de la Poésie » approchent. Mon intention première, tu t’en souviens, était d’en profiter pour un voyage d’agrément un peu prolongé. Ce projet doit être abandonné. Cela, parce que, depuis quelques mois, je suis lié assez étroitement à une maison d’éditions de Paris et que je lui dois tout mon temps. Au mieux, je pourrai m’absenter une semaine. Il n’est pas certain encore qu’Yvonne m’accompagne mais je pense l’y décider et, sans cette intention, j’ai réservé deux places d’avion.

J’arriverais – ou nous arriverons – le lundi 17 qui doit arriver à Budapest vers 18 heures pour repartir le lundi 24 (Je ne connais pas l’horaire exact, car il doit changer avec la saison d’hiver). Et, bien sur, il me serait agréable de te trouver là ! Mais je ne voudrais pas que cela te cause le moindre dérangement.

Tu m’avais gentiment dit, dans ta lettre d’avril et quand nous nous sommes vus chez Emmanuel, que tu pouvais m’accueillir (ou nous accueillir). Là encore, je ne voudrais pas être à charge et encombrer la maison. Le mieux serait dons que les organisateurs (Somlyo et Garai) s’arrangent pour me retenir une chambre « en ville » (mais pas a l’île Marguerite, car on y est exilé).

Veux-tu me répondre assez rapidement pour que j’aie le temps de les prier de faire le nécessaire ? Il m’a fallu rédiger d’avance mon « discours » et le leur envoyer. Quel boulot !

On m’a écrit qu’Europa va faire paraître une traduction d’Un train en cache un autre et Nagyvilag publier ma préface à La Tragédie de l’homme. De celle-ci, pas de nouvelles. Je suppose qu’on l’imprime...

Je t’embrasse ainsi que Flora et Ika si elle est parmi vous

Jean


Publications

Tüskés Anna : Jean Rousselot levelei Illyés Gyulához. Válogatás = Lymbus 2009. pp. 365-409.

Tüskés Anna : Jean Rousselot et Gyula Illyés au miroir de leur correspondance (1956─1983) = Revue d'Études Françaises 18 :(hors série) 2013.

Christophe Dauphin–Anna Tüskés : Les Orphées du Danube: Jean Rousselot, Gyula Illyés et Ladislas Gara. Suivi de Lettres à Gyula Illyés, par Jean Rousselot. Soisy-sur-Seine, Éditions Éditinter, 2015, 356-358.