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Franco-Hungarian Literary Relations

RJ_GL007

Date: without date
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (03-05-2017)
Folio number:

Mon cher ami,

Pas facile du tout de mettre en forme cette traduction des Rois-Mages! Je viens d’y passer des heures et vous trouverez ci joint la transcription que je vous propose.

J’ai dû, très légèrement, modifier le premier vers car il était impossible de lui trouver une rime. Au lieu de

„Bonjour toi, mon p’tit Jésus, p’tit Jésus

Nous sommes les 3 rois mages

J’ai donc mis:

„Pour te saluer, p’tit Jésus, p’tit Jésus

Nous, les Rois mag’s, on est venus.

Cela a d’ailleurs légitimité l’assimilation (que j’ai tentée tout au long) du „noël” de JÓZSEF à nos vieux noëls français, dont la langue est familière, les tournures archaïques, avec des élisions fréquentes et des inversions du type: „Nous a juré une brebis” au lieu de „Une brebis nous a juré”.

À la strophe II, j’avais la même difficulté, puisqu’il n’est pas question de modifier le „bien l’ bonjour! bien l’ bonjour!” Allez-donc faire rimer cela avec „on n’est pas des vieux curés” j’ai mis „On est pas curés, ni pour”. Ce qui renforce l’idée que les Rois Mages ne sont pas venus en prêtres [ ?] nativité une affaire reservée aux prêtres, et plus [ ?]lement que cette affaire-là est l’affaire de tous, même de ceux qui ne sont pas pour la religion. Le tour populaire me semble d’ailleurs ainsi renforcé. De même par le : « on est venu comme ça ».

A la strophe III : « les pays d’chaleur » me paraissent également imvenir[ ?] à l’inspiration populaire. A la fin, j’ai mis : « Roi de tous les nègres noirs » pour donner plus de force à l’humour qui court partout dans le poème. De même parle-t-on chez nous des « flammes de feu » du soleil ou de la couleur du « cheval blanc » de Henri V. Mais si vous trouvez celaexcessif, j’ai mis une variante en marge :

« Moi, c’est Balthazar, mon nom,

Roi de tous les négrillons »

La strophe IV a également reçu quelques modifications. Je n’ai pu garder le « bienheureuse » du 2e vers. Pour la rime, j’ai amené là Jésus-Christ et l’ai supprimé au 4e vers. Mon « assez de musique berges » me permet d’amener plus logiquement la tettée, qui est la raison pour la quelle Marie met les Mages gentiment à la porte. Il fallait en autre faire comprendre que c’est Marie qui parle en réponse aux Mages.

Vous remarquez que je n’ai employé que des rimes masculines. Ceci après examin approfondi du texte hongrois et de la musique. Des finales féminines eussent gêne le chanteur (ou la chanteuse) : il était nécessaire que des sous frances tombassent sur les notes comme dans l’original.

Une dernière remarque : saluer (1e vers) et souhaite (dernier vers) ne doivent être tenus comme dans la conversation que pour 2 pieds le[ ?] tour populaire le justifie.

Enfin, de système prosodique que j’ai adopté correspond exactement au texte hongrois (rimes plates, et nombrables[ ?] puis soigneusement respecté).

Mais si ça ne va pas, dites le moi !

Bien amicalement à vous

Jean Rousselot


Annexe

Version de l’adaptation du poème Rois-Mages de Attila József par Jean Rousselot. Dactylographie avec corrections à la main.

Publications

Christophe Dauphin–Anna Tüskés : Les Orphées du Danube: Jean Rousselot, Gyula Illyés et Ladislas Gara. Suivi de Lettres à Gyula Illyés, par Jean Rousselot. Soisy-sur-Seine, Éditions Éditinter, 2015, 419-423.