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Franco-Hungarian Literary Relations

GYA078

Areuse
Date: 25-10-1927
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (11-02-2018)
Folio number: 2

Cher Monsieur et Ami

Enfin, voila qui est fait J’ai réussi ma demi-licence avec une moyenne de 5, 15, ou 20 sur 6, ce qui est paraît-il fort honorable. J’ai eu des chances incroyables, devinant presque toujours, un quart d’ heure avant sentie la question que j’allais avoir. Au point que mes camarades me croient une sorte de double vue – et que moi-même, je ne suis peu éloigné de me l’attribuer! Mais quelle victoire à la Pyrrhus que ces examens. La petite joie vainteuse de se dire: j’ai réussi – si petite joie, si incertaine en regard d’un été à moitié perdu, et de quinze jours, les derniers d’abrutissement sont ce qu’il y a de plus méthodique; c’est une dérision. Enfin c’est une vieille histoire que je vous raconte là. Autre chose: je ne vais pas à Berlin, mais cette fois-ci définitivement à Vienne. Donc je puis vous dire à bientôt, Noël par exemple. J’aurais été mieux matériellement, à Berlin, je veux dire, un peu plus „en fond” Mais je crois que j’arriverai à m’en tirer à Vienne aussi. Sans compter que l’air de Vienne équivaut, j’en suis certain, à quelques bons dîners berlinois, bien gras et wurstifiés. Je pars au milieu de la semaine prochaine en passant peut-être, (je l’espère beaucoup mais il y a des mais) par Paris, Strasbourg, Münich. Je serai avec un ami neuchâtelois qui fait du journalisme à Vienne depuis déjà plus d’un an. Cela me facilitera beaucoup les premiers dimanches à Vienne.

Je n’ai pas le temps d’écrire au sujet de l’Anthologie hongroise que je vous remercie encore de m’avoir envoyée. Il y a des choses très bien de Ady, Babits, Kassak, Márai etc. Mais on a de la peine à en juger par ces traductions, bien inégales, semble-t-il. Quand je vous verrai, nous en reparlerons. Pour l’article {Ramuz|}, je vais réunir les qques documents nécessaires et l’écrire là- bas. Je n’ai guère le temps de faire plus ici, ayant un tas de petites affaires à liquider ou à préparer dans ces derniers jours. Dès que je serai arrivé et en mesure de vous donner mon adresse, je vous lancerai un mot. Merci encore d’avoir pensé à moi pendant ces examens. De tels soutiens moraux sont le cueilleur – peut-être le seul gage de succès.

Et croyez au plaisir que j’ai à vous dire aurevoir

Votre Denis de Rougemont