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Franco-Hungarian Literary Relations

NNA029

Bécs
Date: 01-01-1970
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (12-05-2017)
Folio number: 2

Ma chère Anne, mon cher Richard,

Je suis à Vienne pour quelques jours officiellement et je saisis l’occasion à vous écrire. Comme vous savez très bien, les circonstances sont changées, nous n’osons pas envoyer les lettres à l’Occident, ou très peu de fois à des gens presqu’officiels, à des poètes français par exemple, dans les cadres des relations culturelles. Et surtout nous n’osons pas écrire à l’adresse des Br. C. Nous avons envoyé une carte de Noël seulement, quel courage ! Nous attendons votre adresse nouvelle, parce que – par conséquence de vos soins amicals – nous avons entendu de Mme Molnár, que vous avez trouvé et adreté une maison, enfin. Grâce à Dieu ; je crois bien, que le recommencement de votre vie en Angleterre n’était pas facile. Nous pensons à vous presque tous les jours et nous regardons votre maison à Vár – de loin, à travers de Vérmező – qui est une lieu nostalgique depuis votre séjour de Budapest. Comme c’est ridicule, la vie – ou notre vie – on trouve des amis « étrangers » (quelle idée paradoxe : ami étrenger) et il faut se séparer presque tout-de-suite. C’est l’Europe Centrale. Mais laissons la philosophie, il faut que je vous écrive les circonstances : tout naturellement nous n’avons pas cru, que vous avez oublié vos ami de la Hongrie, au contraire, nous vous sommes très reconnaissants, que vous avez trouvé les moyens pleins de tact de nous avertir de votre vie – je pense à Mme Molnár. Et j’espère bien, que vous êtes convaincus de nos sentiments.

Il faut que je vous dise : c’était une idée tipiquement des Antys, que vous nous avez invité chez vous, dans un cas très gênant et non-souhaitable – si, peut-être, il fallait emigrer de notre pays. Non ; non ; mes chers amis, mille remerciements pour votre bienveillance extrême, mais grâce à Dieu, nous ne sommes pas dans cette situation. Les choses ici, vues d’interieur, ne sont pas tellement changées. Vous pouvez imaginer qu’est-ce que la Hongrie pense des évènements tchèques – jamais une solidarité semblable n’egsistait pas entre les deux peuples – mais, et c’était une surprise, même notre gouvernement ne jouait pas une rôle détectable dans cette affreuse question. Le peuple, the man of the street, avait l’impression que le gouvernement a fait son mieux. Et le suicide – le suicide d’un petit peuple – en ce moment-là ne figurait pas à la liste des plans. Dans tous les dizaines d’années on ne le peut pas risquer. Les pauvres, pauvres tchèques. Comme ils étaient sages, beaucoup plus sages, que nous en 1956 – et quandmême.

Ma chère Anne, j’ai entendu que vous aurez un engagement comme professeur – je suis vraiment très heureux. Et vous allez commencés l’enseigement en septembre. Madame M. a raconté aussi, que les enfants se sentent bien, ils ont trouvé leurs places dans l’école et Cristophe a écrit une leçon sur « une journée d’hiver » en Hongrie, à Normafa, une journée passée avec les Mészölys. Nous étions touchés ; embrassez le grand garçon au nom des amis hongrois.

Quant à Miklós : je ne suis pas tout-à-fait content avec lui – entre nous. Il s’occupe trop de film, il cherche l’amitié de ces hommes de film, qui sont une société très inférieure et surtout : il prend sérieux ce demi-art plein de compromis exercé par cette « haute-volée [ ?]ldrérique » qui est le par-avant quelque fois insupportable de l’art vrai. S’il disait qu’il veut gagner d’argent, je pourrais le comprendre – mais il parle de « l’ART », et c’est génant. Mais il est un bon garçon, vieil ami ; je plains d’un ami – aux amis. J’espère bien, que c’est une période qui se passera vite. – Alaine, la chère ; travaille et travaille ; Agnès ne travaille pas, comme toujours. Mais peut-être, elle aura un recueil français (avec des traductions surtout de Paul Chaulot – et d’Anne AntyClaude Roy) ; elle veut écrire de la prose maintenant, sur des questions d’atelier de la poésie. J’espère bien, qu’elle recevra un contrat d’une maison d’édition. Quant à moi, j’écris un livre pour la jeunesse sur la vie de la Hongrie pendant la domination turque – vous savez les Turcs. Qui étaient un thème toujours méritable. Je suis à la fin déjà – que les dieux soient bénis. Je suis hors d’haleine. Comme j’ai écrit, je suis à Vienne officiellement, à l’apropos d’une anthologie de la poésie de l’Autriche, que nous avons éditée maintenant (de la part de la maison d’édition des jeunes). On veut faire un peu de propagande à ce livre. Comme vous voyez de ce fait : nos relations avec l’étranger ne sont pas interrompues, et j’espère que les obstacles seront surmontés lentement. Espérons-le ! Espérons au moins, que nous pouvons vous voir à Budapest l’année prochaine. – J'ai écrit trop. C’était bon pour moi, parler avec vous ; je vous souhaite que la lecture de mon français spécial soit aussi bonne à vous.

Mes chers amis, nous attendons votre adresse par Madame Molnár, et nous vous embrassons vingt fois – excusez-moi, Richard, mais je veux embrasser Anne aussi ou surtout.