BLE_PIM039

Budapest
Date: 12-10-1985
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (21-09-2017)
Folio number: 1

Mon cher Claude,

Ta lettre a mis très longtemps à arriver (Tu n’y a pas mis le code postal : H 1133). Je te remercie les dernières précisions qui me manquaient.

Je te joins mon grand article, paru hier dans le quotidien LA NATION HONGROISE (organe de l’intelliguentzia), sur le centenaire de ton père, où parle de Toi aussi (à propos de l’Album ; au fait : j’ai reçu le second, non moins splendide, de Suffran) et je rappelle la visite de Illyés et de Cs. Szabó (morts hélas ! tous deux), faite en 47, sous ta conduite, av. Th. Gautier (dommage que ton Journal n’en porte aucune trace...)

Sais-tu que ton Père et Toi-mêmes figurez dans l’ENCYCLOPÉDIE SOVIÉTIQUE (1974) ; il y a même une photo de François ; l’article sur Toi est à peu près moitié moins long, mais on y énumère tous tes ouvrages parus avant les T.I. !

Le hasard (objectif ?) me joue de jolis tours : figure-toi que je suis en correspondance depuis peu avec un autre locataire de votre immeuble : Aron LUBLIN, un grand résistant juif. Comment cela m’est arrivé ? Depuis deux ans, après avoir découvert dans le livre de J. Corti (SOUVENIRS DÉSORDONNÉS ; as-tu lu ce bouquin passionnant ?) qu’on certain Éméric FISER, l’un de ses auteurs à qui est dû un remarquable ouvrage sur le symbolisme (1941) et qui avait publié en 33 un ivre (L’ESTHÉTIQUE DE MARCEL PROUST, préface par Larbaud !) et dont le nom figure sur la plaque du Panthéon parmi les martyrs (il a sacifié sa vie pour sauver des enfants juifs), donc après avoir appris qu’il était d’origine hongroise, j’ai commencé une enquête, ai écrit des dizaines de lettres à des spécialistes, à des bibliothécaires et à des organisations israélites, pour reconstituer sa vie. Je sais déjà beaucoup sur lui, mais pas tout, pourtant sa fille (Geneviève Delignou) est vivante, mais Corti que j’avais vu peu de temps avant sa mort, n’a pas pu me donner son adresse (sa mère est morte en couches). Donc, j’ai échoué entre autres chez ce Monsieur du quai de Béthune... Nous pourrons en parler, car je partirai le 6 novembre pour Paris où je dois faire deux conférences hugoliennes. Ton voyage praguois m’intrigue fortement ; Tu vas me dire comment cela s’est passé... ici, c’est S. de Beauvoir qui a passé en juillet dix jours, dans des circonstances que je te dirai. Tavernier et S. Fasquelle sont venus également, mais pas en incognito comme S.B.

Je déjeune le 17 chez votre ambassadeur qui me remettra la médaille de chevalier.

Nos hommages à Marie-Claude. Ton ami