BLE_PIM082

Paris
Date: 23-08-1976
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (22-09-2017)
Folio number: 1

Cher Monsieur,

Je viens, très tardivement, vous remercier pour votre aimable petit mot du 25 juin, accompagné d’une photocopie et de quelques articles.

Pendant le mois de juin, j’étais en pleine période d’examens, comme membre du jury du BTS (Brevet de Technicien Supérieur) de Commerce International. Début juillet, je suis allé faire ma conférence à Dijon, et, fin juillet, la canicule nous a tellement malmenés à notre dixième étage que nous avons pris la fuite vers l’île de Jersey, d’où nous sommes rentrés il y a quelques jours. Comme il se doit, nous avons visité la maison de Victor Hugo à Guernesey. On nous a montré l’arbre planté par Hugo, et dont il espérait faire coincider la première floraison avec la naissance des Etats Unis d’Europe. L’arbre est resté, d’ailleurs, plustôt chétif.

Ce n’est donc qu’aujourd’hui que je peux vous remencier pour votre aimable envoi. La photocopie me laisse un peu rêveur. Comme tous les viellards, je me souviens mieux du passé lointain que du passé immédiat. Or, j’oserais presque jurer que je n’ai jamais vu personellement Vàrnai Zseni et que j’ai tout ignoré, jusqu’à la lecture de cet extrait, de sa visite à Paris. Mais tant de choses se sont passées depuis de plus, elle a certainement travaillé sur notes et, finalement, cela a si peu d’importance. En tout cas, je n’ai jamais été lecteur chez Hachette et si, effectivement, j’ai soutenu une thèse sur un problème d’esthétique, mes activités littéraires chez Hachette se réduisaient à la collaboration à leur revue « Toute l’Edition ». J’étais, par ailleurs, chef d’un service commercial. Quoiqu’il en soit, je n’ai certainement pas à craindre que mes biographes se battent autour de ces détails, parce qu’il n’y aura pas de biographes.

Vos articles m’ont beaucoup intéressé. Si Baranyai Zoltàn est bien la même personne que l’ancien attaché culturel à Paris, je l’ai bien connu. Sauf erreur, il a obtenu, plus tard, une chaire dans une université américaine. Quant à la pénétration de la littérature hongroise en France au 19° siècle, il me semble qu’elle a souvent eu un arrière-plan extra-littéraire. Ne m’a-t-on pas dit que la poétesse Marceline Desbordes-Valmore, qui a traduit quelques poèmes, s’était vivement intéressée, aussi, à l’émigré Justh ?

Il y a une cinquantaine d’années, on m’a dit aussi qu’il y avait encore des comtesses Bercsényi à Paris. Enfin, pas plus tard que cette semaine, on m’a parlé d’un certain M. de Coudekerque, qui se dit d’origine hongroise et se plaît à reconnaître le type, en se regardant dans la glace.

En vous remerciant encore, et toujours volontiers à votre disposition si je peux vous être utile, je vous prie de croire, cher Monsieur, à mes sentiments les plus amicaux.

Mes hommages et mes amitiés pour Madame Monsieur A. Lazar

Bencze

P.S. – Je joins une petite coupure, pour vous montrer ce que je fais au cours de ces dernières années.