BLE_PIM024

19 rue Servandoni, VI.
Karpat-u 7. 1133 Budapest - Hongrie
Date: 26-09-1974
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (20-09-2017)
Folio number: 2

Mon cher ami,

je vous écris de Bretagne, où je me repose de ma cure avant de regagner Paris le 2 octobre. Votre carte du lac balaton m’avait suivi à Bourbonne-les-Bains : merci.

J’espère que vos préparatifs pour venir nous voir se poursuivent à votre satisfaction. Selon le souhait de Madame Lion, je vous envoie quelques précisions sur la journée du 6 novembre, puisque j’ai reçu mission d’en fixer les buts et d’en conduire les débats. Nous avons la chance d’avoir affaire à un auteur si vivant ancore cinquante ans après sa mort que ses adversaires usent à son égard du même vocabulaire que les plus hostiles de ses contemporaines. Tandis que les tirages des oeuvres ne cessent de se renouveller, la pluspart des critiques français s’efforcent toujours d’en minimiser l’importance. Cette situation peut-être unique – car il s’agit de tout autre chose que du « purgatoire » habituel, d’une tombée plus où moins longue dans l’oubli – m’a suggéré pour double thème de notre Colloque : « Anatole France au présent et au futur. » D1une part, examen de la situation en question ; de l’autre, apri sur l’avenir, pour ou contre.

Je devrais dire : nos colloques. Le 6 novembre, nous aurons deux séamces, matinée et après-midi. Quatre communications, chacune devant durer quinze à vingt minutes au plus, et suivi d’un débat complétant l’heure. Les auteurs des communications seront deux Français et deux étrangers : Un jeune professeur italien qui se situera dans l’optique de ce que l’on peut appeler grossièrement le monde occidental, et vous, cher ami, francien éminent, qui représenterez le monde socialiste. Nous espérons en outre un auditoire qui saura rendre les débats élevés et efficaces.

La Société a naturellement le projet de publier l’ensemble : les communications, telles quelles ; les débats – nous verrons : soit dans leur intégralité s’ils en valent la peine, sinon d’une manière analytique. En tous cas, l’enregistrement sera total. Cela n’exclut pas une rédaction préalable de votre communication, si vous le voulez, au moins dans ses grandes lignes, ce qui aurait pour avantage d’être remise sur place aux journalistes qui le désireraient.

Je pense que nous devons éviter le ton des réunions savantes, de spécialistes s’adressant à d’autres spécialistes. Si les auteurs des communications seront de vrais connaisseurs de l’oeuvre francienne ils auront devant eux, je le souhaite, des auditeurs divers, peut-être opposés les uns aux autres sur l’esprit, l’évolution, la forme de cette oeuvre sans y avoir consacré des études, ou leurs études. En somme, il ne s’agit pas seulement de juger France ; il s’agit aussi de nous juger à son propos.

Dernier point. Veuillez envoyer le plus tôt possible à notre secrétaire général et ami Max Ph. Delatte, 133 rue de la Pompe, 75116 Paris, une liste aussi importants que vous le voudrez de personnes à inviter en votre nom.

A bientôt, et très cordialement vôtre.

Claude Aveline