BLE_PIM080

Bois Colombes
Date: 02-11-1985
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (22-09-2017)
Folio number: 2

Cher Lázár,

La réception de ta carte ouverte m’a contrariée. Je n’aime pas du tout lorsque tu m’écris un ecarte postale strictement personelle qui ne regarde que moi sur des choses confidentielles. A cet égard, tu as manqué la courtoisie et le tact élémentaires.

Ensuite, il n’y a pas de malentendu dans ma lettre que je t’ai adressée récemment. Tout est précis, clair et juste. J’affirme que dans les pays totalitaires en Europe de l’Est : en Russie soviétique, en Roumanie, en Tchécoslovaquie, en Pologne, en Bulgarie, en Albanie, les accords d’Helsinki sont bafoués, ignorés, méprisés. Ils ont institué et organisé dans ces pays la désinformation de telle manière que les faits évidents et irréfutables sont truqués, dénaturé, mystifiés, transformés en mensonges systématiques.

D’après les rescapés et des documents irréfutables, il y a en Union soviétique, votre alliée, servie avec dévotion, courtisée par la Nomenclatura communiste hongroise, 2000 goulags et 4 millions personnes politiques aui croupissent, meurent dans le paradis soviétique.

Alors, je t’en prie, pas de leçon, pas de moralisation. J’en ai pardessus la tête des insultes imméritées et des reproches stupides venant derrière le rideau de fer, où il n’y a pas de liberté totale, ni liberté d’association, ni liberté de presse, ni liberté pour les syndicats et les partis politiques.

Il est vrai que tu peux maintenant, après 40 ans, parler de Léon Blum, voilà une affaire. Quel progrès, en effet, dans la « libéralisation » !

D’autre part, tu me fais le reproche pour le « ton » de mes lettres. Rien à faire, vois-tu, j’ai un tempérament de combat, et je suis véhément, révolté, en colère, j’explose lorsque je constate le mensonge, l’imbécilité, la calomnie, la méchanceté, la mauvaise foi, la désinformation organisée, l’injustice.

Sache-li que ni le faux-fuyant, ni la duplicité, ni l’hypocrisie, ni la malhonnêteté, la perversité intellectuelle ne sont pas les défauts de mon caractère.

Toute ma vie a été réglée, mes écrits pénétrés par les principes de la sincérité, de la droiture et de la vérité. J’ai vécu depuis l’âge de 16 ans, dans le culte de la liberté et de la justice sociale, dans l’amour de la paix et dans le respect des valeurs éthiques, défendues par Jean Jaurès.

Enfin, je n’ai jamais appartenu à cette catégorie d’hommes méprisables, veules et couards qui renient, trahissent constamment leurs convictions pour des situations avantageuses, pour des prébendes, pour des intérêts sordides et répugnants.

Je suis fière de rester un homme de caractère, intègre et d’avoir un comportement moral irréprochable.

Malgré tout, avec mes vieilles amitiés de 38 ans,

Théodore Beregi