BLE_PIM051

Budapest
Date: 08-02-1978
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (21-09-2017)
Folio number: 1

Cher Monsieur,

je crois de plus en plus fort dans le hasard objectif de Breton ! Avant-hier, j’ai écrit quelques pages, pour le second tome de mes Mémoires (dont le titre est emrunté à Eluard « Párizs csillagként reszkető ») en décrivant le 12e arrondissement où j’étais caché durant la seconde moitié de l’occupe (comme dit A. Boudard) ; or, pour ce faire, j’ai puisé dans votre H. Miller, notamment dans la lettre écrite par celui-ci à Dobo (est-il vivant, celui-là, dont j’ai appris pas mal de choses du précieux album de l’Herne consacré à Queneau auquel il a collaboré). C’était le matin ; à 5 heures, j’ai branché mon poste sur Chancel et... vous savez le reste (j’ai d’ailleurs enregistré votre très intéressante conversation). Et voici là-dessus qu’arrive votre lettre en réponse à la mienne que je vous ai écrite en avril !!!

Igen, megbocsátok, hogy nem magyarul válaszolt, annál is inkább, mert ha nem tévedek, én is franciául irtam Önnek... Par ailleurs, ce n’était pas en avril dernier que je vous ai écrit pour la première fois. J’ai envoyé une lettre à votre adresse (communiquée, je crois, par mon ami Illyés ou feu Reismann) en 1969 lorsque j’ai publié A montparnasse, bouquin dans lequel, sous le titre de « Az ezermester Brassai » je vous ai consacré 2 pages (pp. 215/6), en y citant notamment le critique des Lettres fr. qui disait que vous êtes « le Racine du portrait ». Je me suis procuré, avec bien de difficultés, les exemplaires du hebdo A Hét où j’ai lu vos lettres passionnantes (j’espère que je réussirai à me procurer le livre aussi, car il parait que votre correspondance doit paraître en volume). J’ai lu le petit bouquin de votre père aussi ; ainsi je crois être assez bien informé sur vous... (Pour que vous le soyez un peu sur mézigue, je vous joins une petite notice biographique.)

Non, hélas ! bien que je fusse de passage à Paris cinq fois depuis 72 ? je n’ai point vu Le Paris secret des années 30 ; ce que je regrette énormément ; comment pourrais-ju le voir, vous ne me dites pas le nom et l’adresse de votre neveu ?... Je regrette d’ailleurs de ne rien avoir de vous en ce qui concerne les albums, car j’ai sous presse actuellement un bouquin (A magyar Párizs – un choix de texte des grands auteurs magyars sur la Ville-Lumière depuis le début du XVIIe jusqu’à nos jours) qui sera très bien illustré par des reproductions de tableaux mais aussi de 8 photos de mon ami (je suis en correspondance avec lui) d’André Kertész dont j’ai préfacé la plaquette publiée ici par corvina en 1972 et le catalogue lorsqu’il avait ici son Expo itinérante. Il m’a envoyé tous ses albums, y compris AIMER PARIS.

J’espère que vous m’enverrez le second Miller ainsi que Paroles en l’air ; j’ai travaillé 25 ans aux Editions Europa don’t je demeure le conseiller français. Je suis prêt à examiner tout bouquin que vous proposeriez pour être traduit ici. En outre, je collabore régulièrement à l’hebdo UJ TUKOR (c’est le Match magyar...), et j’aimerais bien faire une double page, illustrée bien entendu (si possible en couleurs – si vous pouvez m’expédier des dias), sur votre prestigieuse activité. Il n’est jamais trop tard pour bien faire ; nous nous sommes frôlés pour ainsi dire pendnt des dizaines d’années à Paname ; il est temps d’entrer en contact, ne croyez-vous pas ?

Mes hommages à Mme Gilberte, bien amicalement

P.-S. Mon ami Cl. Mauriac parle un peu de moi dans son éternité [...]