BLE_PIM065

Paris
Date: 25-07-1966
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (22-09-2017)
Folio number: 1

Cher ami,

je suis très touché par les termes de votre lettre du 11 juillet, à laquelle je vous prie de m’excuser de répondre si tard, en raison de l’accumulation des tâches de fin d’année et de mes déplacements pour diverses commémorations provinciales du centenaire de Romain Rolland.

En ce qui concerne mon « curriculum vitae », on a retrouvé ici un vieux machin, que je vous envoie ci-joint.

Avez-vous le tome premier de mon Histoire littéraire de la France ? Sinon, je vous l’enverrai. Dites-le moi, le tome second (17e siècle) va paraître en septembre-octobre et le troisième (18e siècle) dans le courant de l’hiver prochain. Il y en aura 5 ou 6.

Qu’ajouter au papier ? Je ne sais pas trop ce qui peut intéresser les lecteurs de l’Encyclopédie de Littérature Universelle.

Ma famille ? Fils de Richard Bloch, ingénieur, chef de l’Exploitation de la Cie des Chemins de Fer de Paris à Orléans (avant la création de la SNCF). Ma mère déportée à Auschwitz en 1944 et dirigée sur le crématoire dès son arrivée.

Mes frères ? Marcel Bloch, ingénieur en chef à la SNCF.

Jean-Richard Bloch, écrivain, dramaturge et poète (mon nom d’Etat-Civil est en effet Bloch : j’ai pris mes deux prénoms comme pseudonyme pour ne pas gêner mon frère).

Deux neveux et unr nièce assassinés par les nazis.

En ce qui concerne ma carrière, commencé dans l’industrie du pétrole où j’étais ingenieur et directeur commercial de 1920 à 1926, on a omis ce qui me tient le plus à coeur : j’ai joué comme acteur dans la troupe de Gaston Baty au théâtre Montparnasse pendant trois saisons, de 1931 à 1933 ! Et, à la même époque, j’ai joué le détective dans un film policier, mais comme le film était mauvais, je ne tiens pas trop à ce qu’on le sache.

Pour Europe, je suppose que vous savez aussi bien que moi ce qu’il convient d’en dire. Ma collaboration y a commencé en 1926. J’y ai été membre du Comité depuis 1936 je crois, et je dirige la revue depuis 1949. Vous savez qu’elle s’est « sabordée » - comme on dit – de septembre 1939 à janvier 1946.

Il y a aussi les traductions / adaptations en français de 5 pièces de Bertolt Brecht : Grand’peur et misères de IIIe Reich (paru en 1939 par fragments dans Europe, Commune et la N.R.F.), Galilée, la Mère (d’après Gorki), les Journées de la Commune et surtout son chef d’oeuvre à mon avis : le Cercle de Craie caucasien.

Voilà. S’il vous faut autre chose, dites-le moi. Et sabrez dans tout cela ce qui ne vous semble pas intéressant.

Avez-vous ce qu’il faut pour l’article sur J.-R. Bloch ? Snon je vous enverrai le numéro d’Europe de Juin 1966 où il y a une bonne chronologie (complétée et rectifiée du numéro antérieur de 1957).

Rappelez-moi au souvenir de Madame Lazar et agréer, cher ami, l’assurance de mes sentiments les meilleurs

{Pierre Abraham|}