BLE_PIM030

Budapest
Date: 24-01-1978
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (20-09-2017)
Folio number: 2

Cher Ami,

Je te joins la carte que j’ai écrite hier. Mais comme j’ai lu cette nuit l’éternité parfois, je suis content de ne pas l’avoir expédiée le jour même ; je puis donc y ajouter quelques lignes.

Je te remercie avant tout la page 159, avec la citation de mes mots relatifs à l’émission en question. J’en suis touché...

Je ne veux pas t’ennuyer avec des remarques nombreuses ; je crois me souvenir que je t’avais déjà fait part de mes impressions à propos du premier T.I. et de l’avant-dernier ; tes vales-hésitations, ton déchirement (cf. par exemple pp. 33/4) concernant la valeur de cet immense fleuve que constitue désormais ces six volumes sont, certes, émouvants, mais Tu a [sic !] réalisé par là quelque chose de durable qui vaut bien plus que ne valent les témoignanges et la documentation y contenus et la trouvaille du Journal en zig-zag... Je ne sais pas si j’ai écrit déjà que j’ai fait un index pour chaque volume ; donc, si Tu as besoin de savoir où a [sic !] Tu parlé d’un tel ou tel type, Tu peux m’appeler (c’est automatique, le téléphone, depuis quelques temps, entre Paris et Pest) ... La présentation est fort plaisante, l’impression est parfaite, mais j’ai relevé une coquille, p. 154, où l’on peut lire « la conversation » de Claudel, au lieu de « cpnversion ».

Il yoyote, ton Butor, quand il parle (p.165) de son « audience internationale de cinquante personnes ». Il faut croir qu’il est masochiste ! Je l’ai vu et interviewé en 64 ici ; à part cela, rien que La Modification fut tiré chez nous à 11400 (il est vrai que ce n’était pas une édition intégrale) ; nous avons publié Description de San Marco (6100 ex.) ; et tout récemment un choix des Répertoires (4000) et plusieurs de ses articles dans d’autres anthologies. Et je suppose qu’il est traduit dans une dizaine de langues ! Et je suis sûr que l’on lui a consacré un tas de thèses, par exemple en Amérique !

A titre de curiosité, je te signale que je viens de voir, dans un imposant volume d’essais, publié par notre Académie des Sciences, dans une étude consacrée à Sue dont l’auteur a utilisé le bouquin de Bory que j’avais d’ailleurs lu en son temps, ton nom ! Il y est question du manuscrit des Mystères de Paris en ta possession. Est-ce vrai ?

Je te joins une coupure extraite de la revue semestrielle intitulée LE LIVRE HONGROIS ; c’est le Condensé de ma conférence que j’ai faite le 9 juin et que Tu a [sic !] ratée dans des conditions pittoresques.

Petite question amusante : Simone de Beauvoir m’écrit toujours sur une feuille arrachée d’un cahier d’écolier. Est-elle si pauvre ? Où simplement cache-t-elle son adresse ? (Notre correspondance se fait par Gallimard...)

Je viens de lire deux bons bouquins (enfin !), le Goncourt et le Renaudot. Sur John l’Enfer j’ai écrit une critique pour la revue Nagyvilág, et j’ai l’intention de traduire un passage des Combattants de la Liberté (j’ai rédigé d’ailleur des avis favorables sur tous les deux pour leur publication ici). Mais Tu ne goûtes plus guère la littérature...

Ton titre m’intrigue. Ce syntagme l’éternité parfois ne provient-il pas par hasard d’un poème connu ? Peut-être Mallarmé ? (En tous cas, ce n’est pas dans Le Tombeau d’Edgar)

Affectueusement à toi

1 coupure jointe.