BGY047

Date: 22 August [?]
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (26-08-2017)
Folio number: 2

Chers amis,

Votre lettre me cause un vif plaisir. Et elle me surprend aussi car depuis de très longs jours, je ne reçois plus aucune lettre.

Guierza est de l’autre côté de la limite. Je l’ai quitté pour rentrer à Paris il y a environ un mois et depuis, plus rien, d’elle, ni de quiconque.

Comme les relations entre Le Pecq et Paris sont extrèmement longues et difficiles, mes voyages à Paris sont très rares. A la vérité, le moins souvent possible. Il faut une heure à pied pour aller prendre le train à Marly-le-Roi.

Je vis donc ici seul, de souvenirs, et pour ne pas devenir enragé je peinds et je travaille le plus que je peux.

Nous avons beaucoup pensé à vous durant cette période de surprises consécutives et nous avons bien reçu, avec un mois de retard, votre mot, mais sans pouvoir y répondre car les relations étaient alors coupées.

Notre inquiétude et notre grande affection ont eu tant de motifs d’être sans cesse en alerte que ce mot reçu d’Argenton nous a fait en son temps tout le bien possible.

Pour mon compte, j’ai failli finir mes jours le 10 juin au matin sur la route de Vichy et si Dieu lui-même n’avait été là, en personne, personne n’aurait plus jamais rien retrouvé de mon corps périssable. L’auto a capoté deux fois, fait un 100 ping [ ?], roulé sur le dos en traversant tout le village de Bessay, qui fut aussi réveillé brusauement ; nous avions plus de 100 litre d’essence, débouchée, qui s’est répandue et nous n’avons pas pris feu. Je m’en suis tiré avec une jambe aplatie et le crâne cabossé. Qu’est-ce à côté du regret de ne pas participer encore au repos éternel et à la fois des élus ! Et j’apprends que notre cher et vieil ami le peintre d’Aix en Provence, faute de s’intéresser à la suite des événements, a fermé les yeux sur ce morire. Je ne parviens pas à plaindre ce cher et bon ami. Mais je m’en voudrais de vous démoraliser davantage. Sans doute un joie aurons-nous enfin quelque motif de moins désespérer. L’histoire est sans cesse eu un tournant.

Peut-être suffit-il de pouvoir et savoir attendre... Evidemment !

Laissez-moi vous embrasser bien affectueusement tous deux, et peut-être à bientôt.

[G. ?] Aubac