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Franco-Hungarian Literary Relations

SA046

Villa Eliane / 34240 Lamalou-les-Bains
Date: 21-07-1986
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (26-10-2017)
Folio number: 2

Cher Ami,

merci pour votre lettre qui vient de me rejoindre tout docilement dans ma villégriature d’été. J’y suis à l’abri [ ?] de la grosse chaleur qui commençait à m’ incommoder à Aix (32° ).

J’ ai lu, non<...> sans quelque émotion, les souvenirs que vous avez évoqués de ce quartiet de la rue de Lille où j’ai passé une bonne partie de ma vie. D’abord comme élève de russe et de turk (osmanli), ensuite comme professseur. C’est au 4 que j’ai fait mon premier cours de hongrois le 9 novembre 1931. Devant un étudiant (Henri Boissin qui fuu [ ?] par la suite à son tour professeur, mais de serbo-croate) et deux étudiantes. J’allais oublier le journaliste hongrois qui representait si je ne me trompe le Pesti <Napi> Hírlap. Gesztesy représentait la Légation de Hongrie.

A cette époque, c’était i.e seul cours de hongrois en Europe. Je veux dire que nous y enseignions non seulement la grammaire mais aussi l’histoire de la littérature, des institutions et du passé de la Hongrie. Nos élèves étaient tenus d’apprendre la langue non pas seulement pour les seuls besoins de la comparaison avec les autres langues finno-ougrienne mais pour elle-même, comme moyen d’expression d’une civilisation originale. C’était conforme au statut de notre établissement créé en 1794, an deux de la République Française une et indivisible, par décret de la Convention Nationale. De ce point de vue, je m’y sentais très à l’aise, étant donné le passé des mes ancêtres. Après ce tout début si modeste, nous avions eu bientôt davantage d’élèves, parmi lesquels pas mal d’étrangers: Allemands, Scandinaves, ltaliens, Américains, etc. J’ai même eu des Japonais !       

Comme vous le savez, je pense, votre ministre plénipotentiare était invité à faire partie des jurys des examens de fin d’année. C’était même assez drôle parce qu’ils étaient nommés à cet effet par arrêté ministériel tout comme s’ils avaient été des ciuoyens français. Cette pratique a duré jusqu’en 1967, avec pour seule interruption les années de guerre où, entre autres gentillesses, le gouvernement usurpateur de Vichy m’avait destitué. Autant que je sache, mon successeur Jean-Luc Moreau, en dépit de mes conseils n’a pas continué ce qui était devenu comme  une sorte tradition. Je le regrette.

Artisjus m’a fait tenir en trous exemplaire le contrat par lequel Corvina éditera mes « Souvenirs, ceux qui sont en traduction comme vous me l’apprenez. Mais il s’agit de la publication de l ’original français. J’ai fait savoir à Corvina que je renonce en se faveur à tous droits d ’auteur, y compris des éventuelles traductions. Je leur ai précisé que je le faisais pour marquer les sentiments de reconnaissance que je garde envers la Nation Hongroise. Je ne saurais oublier l’aide qui m’a été apportée aux heures de détresse. Je regrette de ne pouvoir faire davantage.

Je regrette aussi que vous ne connaissiez pas Jean Perrot. Il a été’ mon élève. Il est, comme moi, sorti de l’Ecole Normale Supérieure (autre création de la Convention) et il dirige les Etudes Hongroises avec moi et Jean Gergely. C’est lui qui vient de faire créer à l’Université de la Sorbonne Nouvelle, autrement dit Paris III (où enseigne mon fils), un Institut des études hongroises. Il s’y fait assister par un autre ancien élève à moi, Boiron, qui est un excellent spécialiste de hongrois. Il vient de publier un article sur les pééverles en hongrois (igekötők) dans le Bulletin de la Société de Linguistique de Paris. A ce propos, il m’est vraiment difficile de vous envoyer même des copies de mes comptes rendus car ils se comptent par centaines et même, je crois, par près de 2000. Ils ont paru depuis 1921 et constituent une partie importante [ ?] de ce que j’ai écrit. Tout ce que je peux faire est de vous envoyer quelques échantillons quand je serai rentré à Aix en septembre. Oette [ ?] question des comptes rendus me cause du souci. Ni Moreau ni Perrot ne veulent en publer. Après moi, il est probable que le Bulletin ne fera guère connaître ce pour ce qui est de la linguistique il est vrai que c’est une lourde tâche qui m’a pris trois mois tous les ans.

            J’ai un exempalire qui m’est resté de ma thése principale, depuis longtemps épuisée en librairie. C’est elle qui a été imprimée à Pest, notamment à Eötvös Kollégium et à  l’Academie.

            Pour ce qui est de Karátson, s’agit-il de sa thèse principale ? Il a pourtant suivi mes cours et j’ai été du jury de soutenance de sa thèse.

Vous avez raison, le nom d’Armand Robin s’entend et se lit plus souvent ces temps-ci. On a lu plusieurs fois de ses poèmes à la Radio, parmi lesquels plusieurs traductions du hongrois. Une jeune enseignante bretonne m’a écrit plusieurs fois pour me demander des renseignements sur les relations queiptai entretenues avec lui.Naturellement,je lui ai fourni ceux-ci.Elle prépare une thèse et l’ oeuvre de celqi que beaucoup de Bretons considèrent comme un poète dont ils sont fiers.

Je viens de lire votre papier dans ÉS sur le cimetière de livres hongrois ou ayant trait à la Hongrie. Cela ne m’a pas surpris .Ce qui m’irrite toujours, c’est que ni vos maisons d’édition ni vos représentants permanents à Paris n’aient pu arriver à se lier avec une quelconque maison d’édition française. Ou même belge. Cela est d’autant plus décevant que la Hongrie est bien cotée, que vous réussissez des choses bien plus difficiles. Seulement, il ne faut pas s’obstiner à proposer des ouvrages qui ont peu de chances de plaire au lecteur français et qui, le plus souvent, sont traduits dans un jargon impossible. Je pense en particulier à dertaines oeuvres d’Illyés,de Móricz,etc.

Après le voyage de Mitterand à Pest, il avait été conve <...> qu’une sorte de commission bipartite serait chargée de choisir les ouvrages à mettre en français et à agréer les traducteurs .Il faut des Français sachant assez de hongrois et possédant des qualités littéraires. N’oublions jamais la déclaration du grand Antoine Meillet :  « Il faut ne pas avoir: conscience de ce cela représente pour <...> oser sans frémir<e> écrire une page en français « . Vous êtes de ceux a qui peuvent dire leur mot dans cette affaire.

Que l’on ne trouve pas le moyen d’envoyer un lecteur à Aix confine à l’aberration. Les Bulgares, les Roumains, et bien d’autres encore le fonte [ ?] depuis des années. Y compris les Scandinaves qui onr même créé un Institutune [ ?] solution pourrait facilement être trouvée. Il y a à Marseille une jeune femme, mariée à un Français, qui prépare à Aix une thèse sur la phrase nominale en hongrois. La Faculté lui a donné un modeste poste de bibliothécaire adjointe. Moyennant un modeste traitement, elle pourrait jouer le rôle de lectrice. L’Institut Hongrois de Paris la connaît et ne fait rien pour trouver une solution. Je crois que Jean Perrot a signalé la chose de ce côté-là. Mais, hélas, nous ne sommes plus au temp de Gergely ou de Báti ni même de Klein. On ne fait rien.

            Oh pourrait objecter que les Finlandais ne font as non plus grand-chose. Mais ils subventionnent nos Etudes Finno-ougriennes et ils donnent des bourses de séjour en Finlande aux plus brillants de nos étudiants de finnois. Le<...> cours de finnois s’en ressent. Ils sont suivis par un nombre surprenant d’auditeurs.

Mais assez de doléances. Il vaut mieux s’occuper à travailler. En ce qui me concerne, je m’efforce de faire en sorte que la Hongrie soit toujours présente partout où je trouve.

N’en faites-vous pas autant et même plus en ce qui concerne la France ? Merci pour tout ce que vous faites.

Croyez-moi votre fidèle ét dévoué

Aurélien Sauvageot

P. S. J’ai dû tandez á mettre ce pli á la poste, le PTT étaient en gréne dans tout le département ! J’en ai profité pouz jeter un coup d’ceil sur les Informations Hongroises et signalé les  Pantes et esseurs de traduction que s’y trouvent [ ?] Vous apprérissez.