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Franco-Hungarian Literary Relations

SA001

Date: 13-05-1963
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (01-09-2017)
Folio number: 2

Mon cher Maître et Ami,

J’espère que cette apostrophe dissipe immédiatement toute inquiétude quant au respect et à l’amitié que je te dois et que je conserve intégralement coûte que coûte et « au-dessus de la mêlée »...

Une critique due à ta plume illustre et d’ores et déjà classique ne pouvait qu’honorer mon modeste ouvrage écrite effectivement un peu à la hâte (c’est, en partie, le sujet qui l’avait voulu ainsi, par ailleurs, tout le monde ne peut se permettre de travailler pour l’éternité), indépendamment de son contenu et du dosage des éloges et des blâmes. Je ne suis guère une âme sensible, la vie m’a suffisamment trempé, et malgré un abord parfois rugueux je me sens profondément bon homme ; je n’attribue jamais certaines attaques à la jalousie et jusqu’à preuve du contraire, je crois à la loyauté de chacun. j’ai donc rejeté avec l’horreur l’insinuation de certains qui voulaient me persuader que ton compte-rendu était un monument de perfidies savamment enveloppée. Ta critique contient énormément de vérité ; toutefois, tu me permettras de ne pas te suivre dans toutes les réserves et dans toutes les considérations. Ce que Tu dis par exemple sur mon style, je ne l’accepte pas, Tu es assez perpicace pour savoir que je pastiche un tantinet les auteurs dont je parle, ce qui est un moyen admis de les caractériser ; et si je donne parfois quelques détails sur l’homme, c’est que rien ne me répugne davantage qu’un certaine austerité dogmatique et inlumaire (quelle soit réactionnaire ou stalinienne, ... importe !). Je ne suis pas ni universitaire, ni savant, je suis un prolétaire des lettres et l’immense succès que mon bouquin a obtenu parmi la jeunesse est ma meilleure récompense et me permet de croire que j’ai fait peut-être quelque chose pour la littérature française qui nous est chère à tous deux.

Nul besoin donc de te renier et de m’abdiquer ! Notre amitié, j’en suis persuadé sortira agrandie de cette épreuve (si épreuve il y a !) et je regrette effectivement de ne t’avor pas communiqué le manuscrit, mais Tu puis imaginer qu’il y avait tant de va-et-vient, tout de complications avec lui...

Je demeure donc ton ami obligé, tenace et fidèle, et je te prie de croire à mes sentiment respectueusement filiaux.