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Franco-Hungarian Literary Relations

SA003

Budapest
Date: 23-12-1985
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (01-09-2017)
Folio number: 2

Cher Ami,

j’ai bien reçu vos lettres du 25/10 et du 7/11. Je vous les remercie. Je réponds avec retard qui est dû principalement à mon voyage qui était peut-être le plus réussi depuis 1972, date qui a inauguré une ère nouvelle dans mon existence : après 1951 quand onm’avait retenu en Hongrie et à part d’un voyage de 1959, c’est depuis cette date que je retourne quasi régulièrement chaque année en France... J’y ai fait deux conférences ; la première en français en répétant celle faite ici, à l’Institut Français, sur Victor Hugo et les Hongrois (y assistaient notamment E. Roblès, R. Tavernier, S. Fasquelle, le comte Guyon – parent du général de Kossuth – A. de Gérando, Etienne Vago, architecte, le neveu du grand Pierre V. etc.) ; la seconde dans le Cercle des Amis de la Langue et de la Littérature Hongroises. J’ai remis à Michel Jobert la traduction de son roman. Ai vu Vercors et Thomas Ferenczi, tous deux m’ont documenté sur leurs père et arrière grand’père, car je poursuis depuis des années des recherches concernant les éditeurs d’origine hongroise ; c’est pour cela que j’ai vu Somogy aussi ; mais le résultat majeur concerne mes recherches relatives à Emeric FISER ; à cet effet, j’ai rencontré notamment Mme Margit Rajnai, bibliothécaire de la Sorbonne et une dame qui l’avait connu personellement ; grâce à tout cela et grâce aux nombreux documents de divers ministères, j’ai pu enfin reconstituer sa carrière ; aussitôt rentré, j’ai rédigé un article sur lui pour la Revue de Hongrie ; je n’en dis donc pas davantage car j’epère que vous le lirez... J’ai eu cependant des déboires aussi, par exemple M. Chapelan, à qui j’avais écrit au sujet de la strophe d’Ady, ne m’a pas daigné répondre ; donc je ne saurai peut-être jamais qui est l’auteur de ce quatrain, ce qui m’agace terriblement... Au fait, j’allais oublier le moment le plus intéressant de mon séjour : le 14 novembre l’Association Internationale pour la Culture Française m’a offert un déjeuner au restaurant du Sénat (Cf ;. ci-joint la liste des personnalités présentes), à la suite duquel j’ai vu Mme Elisabeth Schneiter, rédactrice de la revue Qui vive qui va publier enfin mon article rédigé il y a plusieurs années pour la revue de cette Association qui a cessé de paraître faute d’argent. Avez-vous vu cette Qui vive ? Elle est fort bien rédigée et parle de thèmes qui vous intéressent ; elle est éditée sous l’égide du Haut Commissariat de la Langue Fr., dirigé par M. Ph. de Saint-Robert (Matignon). En fait de déjeuner, M. P. Godefro, député de la Manche, m’a invité – comme chaque fois – au restaurant du Palais Bourbon. J’ai eu un autre déjeuner au Club de la France Libre, invité par M. Bollot J’ai eu un autre déjeuner au, invité par J’ai eu un autre déjeuner au Club de la France Libre, invité par, secr. gén. des FFL et mon ami Yves de Daruvar, compagnon de la Libération. J4ai fait la connaissance de Marie-Pierre de Gérando, frère cadet de mon ami Antoine, comédien de son état qui, tout comme son frère (votre ancien élève) parle un peu le magyar. J’ai été chez le comte A. Couderkerque-Lambrecht, petit-fils du colonel Nemeskéri Kiss Miklós, l’un des amis les plus fidèles de Kossuth et petit fils du ministère de l’Intérieur de Thiers (87 ans). J’ai assisté à la réunion du Comité Directeur de l’Association des Amis de Saint-Exupéry où j’ai fait connaissance, vivement ému, du pilote Jean Israel, ami de Saint-Ex dont il parle longuement dans Pilote de guerre (le Théâtre József) A. vient de présenter une version dramatique du Petit prince. J’ai déjeuné au Café de la Paix avec mon ami Claude Mauriac dont le Temps immobile (version abrégée) est sous presse chez Gondolat, avec ma préface. j’ai fait une courte visite chez Nicolas Sarkozy, maire de Neuilly, que j’avais déjà vu il y a deux ans et dont la photo orne mon grand article sur sa ville qui vient de paraître dans le No de Noel de Uj Tukor.

Je viens de rédiger, pour Népszabadsag, un article sur les traductions hongroises (22 en 3 ans !!) ; je vous l’enverrai (vous y êtes mentionné). J’ai rédigé ce papier, car et l’ambassadeur et l’attaché culturel se sont plaints du fait que nous ne sommes pas assez reconnaissants des efforts faits depuis la fameuses promesse du Président.

J’était content de voir les extrait de vos Souvenirs dans la R. de H., mais assez étonné de la lourde faute du préfacier qui a mis le verbe après la tournure après que au subjonctif comme tout un chacun (tous les speakers de la radio commettent cette faute et hélas ! même certains écrivains français aussi...)

Je viens de lire dans le Canard un article sur Mme Verny ; il paraît qu’elle a une amie qui s’appelle Ella Sauvageot ; qu’en dites-vous ?

Simone de B. ne m’a pas répondu.

Quant à la préface, vous me flattez en disant que personne n’est plus compétent... Bien sûr, si l’éditeur me la demande, je la rédigerai avec plaisir, mais il faut que je vous dise que mes rapports avec le directeur d’Europa sont très tendus, pour être franc : il me déteste pour des raisons qu’il serait trop compliqué de détailler ici ; donc, si vous tenez que je sois le préfacier, il serait opportun de le lui demander in expressis verbis (au fait : avez-vous reçu le contrat ?)...

En ce qui concerne le assage de votre lettre du 7/11 relatif à {Köpeczi|}, je le lui ai envoyé de Paris. Il n’a point réagi ; il est vrai qu’il ne m’a pas encore répondu à une lettre que je lui avais écrite en février...

Connaissez-vous l’Editeur Alinéa d’Aix qui vinet de publier le recueil de contes de Kosztolányi ? (5, rue Félibre-Gaut) ; je n’en ai jamais entendu parler... Avez-vous vu, le 8 décembre, la page Kosztolányi du Monde ? N.N. de Krudy a eu un certain succès de presse : plusieurs quotidiens et hebdos en ont parlé (y compris le très distingué Le Monde...) ; on a même loué la traduction de Virág Ibolya qui est très mauvaise, aucun rapport avec le style mélodieusement incantatoise, d’une mélodie mélancolique et d’une pulsation secrète de Krudy ; les tournures hautes en couleur de l’auteur deviennent des platitudes : Krudy dit par ex. « istenigazában », elle traduit « vraiment » ; il dit « pasasér », elle traduit « individu » ; mais, indépendamment des qualités subjectives du style balsamique de Krudy, il y a des contresens dus à la hâte et au fait que personne n’a revu le texte en le confrontant avec l’original : amikor Krudy az élet « végéről » ir, {Ibolyánk|} azt mondja : « au seuil de la vie » !!! J’attends avec impatience la sortie du même roman chez Corvina dans la version de notre ami Gachot : sera-t-elle meilleure ?

Les pages extraites de vos Mémoires sont très précieuses ; je suis stupéfait : je croyais savoir que Gyöngyössi était prof de français ; or vous dites qu’il « ne savait pas un mot de français » ; je pense que vous exagérez ; quant à Kelemen, certes, il savait dactylographier, mais il savait autre chose aussi, par ex. traduire... Vos propos constituent un témoignage de premier ordre et authentique, mais tels que vous les formuley, ils sont blessants pour certains ; aucun journal ne voudrait les publier.

Je termine cette longue missive en vous souhaitant une très bonne année. Buék !