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Franco-Hungarian Literary Relations

SA038

l’avenue Maurice Blondel 13100 Aix en Provence
Date: 07-06-1984
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Draft
Publisher: Tüskés Anna (26-10-2017)
Folio number: 2

Cher Ami,

merci pour votre lettre et mes excuses de n’avoir pas répondu à précédente. La raison en est la désorganisation des opération postales en France. J'ai cru devoir attendre que le tri départemental de Rognac reprenne son activité or numéros il vient juste de le faire. Je viens de recevoir la pagaille 4 numéros d' És et un tas d'autres plis en souffrance depuis des semaines.

C’est pour cette raison que je n'ai reçu qu'avec 24 jours de retard l'invitation du Ministère de la Culture à participer à la réunion franco-hongroise à laquelle  Boldizsár a consacré tant de commentaires dans És et à laquelle il avait déployé tant d'efforts gour y faire venir Gachot qui, vraisemblablement, n'avait pas non plus reçu l'invitation qui lui était destinée... J'avoue que je ne mer [ ?] serais de toute façon pas dérangé pour ces séances de bavardage insipide.J'ai préféré teminer mes souvenirs de Hongrie. Je n'ai rien su ni reçu de Mme Fodor et c'est vous qui m'apprenez qu'il a été question de ma modeste personne.J'en suis très touché comme de toute manifestation qui me vient de chez vous.

Oui, je reçois depuis la rentrée la Revue de Hongrie. Me permettrez-vous à ce sujet deux observaions ? La première est qu'il faudrait filire reoir le français car il y a trop de traductions

manifestement insuffisantes. La seconde concerne le choi<x>des articles.Certains ne seront pas lus. L'anniversaire de Karl Marx a été traité par toute la presse française, il était inutile d'y ajouter quoi que ce soit.

Effectivement, Queneau, qui étatit un ami, avait bien voulu nous consacrer toute une soirée à L'Institut. Ma femme y avait lu plusieurs extraits de I'oeuvre de Mikszáth que  je regrette de n'avoir pas le moyen de traduire comme j'en avais eu l'intention. L'impossibilité de faire paraître Rózsa Sándor m'en a dissuadé. Je me suis tourné vers un autre secteur. Je ne pouvais pas passer mon temps à travailler pour mon tiroir...

Je n' écritari pas à Mistler avec lequel je suis du dernie mal.Si mes souvenirs de Hongrie voient jamais le jour, il sera servi come il le mérite. Il a failli me faire rappeler dès 1924, quelques mois après mon arrivée et si je suis resté à mon poste, c'est que j'avais heureusement, de puissants appuis en la personne de trois grands universitaires qui étaient Antoine Meillet, Paul Boyer et Joseph Vendryès, lesquels étaient à l’origine de mon détournement de carrière et et m'avaient fait envoyer chez vous. Sans leur intervention, je ne serais jamais [ ?] devenu finno-ougriste puisque je m'étais spécialisé dans les langue germaniques et surtout nordiques.Vous comprenez qu'ils n'allaient pas làisser un Mistler détruire le plan qu'ils avaient prévu d'intoduire en France l'enseignement des langues finnougriennes. Ce qui s’est passé, c’est que Mistler a été rappelé et non votre serviteur.

Ce eui se pas e en Roumanie est odieux mais, hélas à Bucarest, ils sont plus malins.Ils ont décidé d' aller à Los Angeles et tout le monde n'en a que pour eux. Ici, à Aix, ils sont représentés à la Faculté depuis plus de 20 ans alors que j'attends toujours l'arrivée d'un lecteur ou d'une lectrice.

Que n’aurait-on pas fait ici !

En attendatnt, je viens d'apprendre que fatidique traduction de Rózsa Sándor est en panne. Les Publivations orien talistes de France ne la publieront pas. Ni non plus, selon toute probabilité le livre consacré à Bartók par Gergely János. J'ai le sentiment que nous sommes victimes d'une petite cabale qui rappelle étrangement ce qui s'est pasé avec Boldizsár.

Du coup, je ne sais plus si mes mémoires pourront être publiés. J'ai voulu porter témoignage de ce qu’a été la Hongrie entre 1923 et 1933 et j'ai essayé de définir ce qu’était la civilisation hongroise dont' j'ai essayé de me pénétrer. Qu il y a un public pour ce genre d'essai, c'est ce que prouve le succès des mémoire de Gari Margit, parus chez Plon.Le public français a toujours été friand de ce genre de publications.Vous me direz que mon ouvrage pourrait être édité, par exemple, par Corvina.Pour des raisons que vous comprendrez,  je préfère qu'il sorte en France.Afin de garder comme on dit « sa crédibilité ». Sinon, nos communs ennemis, prétendront que c'est de la pure propagande. Evidemment,c'est, dans une mesure certaine, une défense et illustration de la langue, de la littérature et de la pensée hongroises.Trop de gens ont, intérêt à ce que ce témoinage ne soit pas publié.

C'est avec impatience que j'attelids vos prochaines publications.Je suis heureux de l'insigne disiinction qui vous a  a été conférée par la Ville de Paris et je vous en félicite.Personne

ne l'a méritée autant que vous. Par la, même occasion, vous avez pu vérifier se qu je vous ai souven répété: les vrais amis de votre pay ne sont pas ceux qu'on croit. Ici à Aix, la fondauion Vásárély et c'est la Faculté de Droit, réputée réactioenaire, qui a honoré Bényi de son doctorat honoris causa. C'est à l‘Hôtel de Ville, dans une salle historique, que m’a été remis le diplôme de membre d‘honneur de votre Académie et vous savez quelles sont mes opinions et quel est mon passé de militant. Je sais que c'est difficile à saisir mais c'est comme ça et nous sommes en France, il ne faut pas l ‘oublier. Je constate aussi que c’est à Aix que affaires de Pologne n'ont pas tou éclipsé comme presque partout ailleurs.Le battage qui est fait au sujet du respect des droits de l'homme et autres sujets du même genre est surtout destiné à détourner les gens de ce qui se passe à l'intérieur. La crise prend des proportions catastrophigues et l'administration, par ses incohérences et aussi son incompétence, ne fait que l'aggraver. A ce propos, il est bon de rappeler qu'on commet une granve erreur en prenant la France pour un pays capitaliste dans le genre des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne ou même que l'Allemagne fédérale.Nous sommes sous régime colbertien. Le citoyen est pris dans un réseau serré de réglementations plus tâtillonnes les une que les autres cela depuis Louis XIV. Je vous envoie une coupure qui vous le précisera. On est logité quoi qu’on fasse et chacun est tenu de fournir en toute occasion une paperasserie où la plupart des braves gens se perdent. Les gens de mon âge en viennent à regretter la III-a république, ce qui n’est pas peu dire. Il ne surprend donc pas que le public soit dégouté de ce qui se passe. L ‘exaspération este telle que si quelque personnalité importante existait, un coup d ‘etat ne serait pas impossible Heureusement acuun « sauveur » ne se profile à l'horizoft.Pourtant,les manifesations dégénèrent presque partout en heurts violents avec tes forces de l'ordre qui sont souvent débordées. Il a fallu mobiliser plus de 4000 gardes mobiles pour protéger les ministres de l'agriculture qui s'étaient réunis à Angers, cette bonne vieille ville d'ordinaire si calme.A deux ou trois exceptions près, nos gouvernants ne peuvent plus se produire en public sans qu'on mette en état d'alerte le lieu où ils se rendent. A chaque instant, des lignes de chemin de fer sont bloeuées, tuos rails arrachés. Ou bien ce sont les routes qui sont saccagées.  Pendant ce temps-là, l'insécurité devient intolérable. Avant-hier, il y a eu en une matinée plusieurs agressions dans les banques,avec chaque fois des victimes. De toute ma vie, jé n'ai connu une pareille situation. Pour ce qui est du proche avenir,je pour ne rendre en Languedoc où j'ai l'habitude de passer mes vacances.Les viticulteurs ont menacé de barrez <...> [ ?] toutes les routes lors du grand départ en vacances fin juin-début de juillet. Il y a quelques semaines, mon fils, qui était allé à Nice pour une soutenance de thèse et voulait en revenant sur Paris venir me voir, été bloqué deux jours parce que des manifestants barraient la route il a été oblige d'abréger son sjour à Aix.

            Si je vous done toutes ces précisions, c'est pour vous permetire de mesurer les événérnents qui risquent de produire en France un sérieux bouleversement.Quand? Je ne peux 1e prévoir mais, comme disent nos journalistes dans leur jargon: la situation est devenue explosive.

J'espère que ces lignes vou trouveront en pleine forme et aussi que votre climat est moins désastreux que le nôtre. Nous avons mauvais temps depuis plusieurs semaine, après avoir connu le 19 février une secoussse très sensible de la terre (Richter 4, 1) qui a jeté la panique dans la population. Il était exactement 22h 30.

Croyez-moi, cher ami, votre fidèlement dévoué

Aurélien Sauvageot