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Franco-Hungarian Literary Relations

SA029

5, RUE FERNAND WIDAL PARIS 13e
Date: 27-06-1938
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (24-10-2017)
Folio number: 1

Très cher ami,

merci pour votre mot qui m'a trouvé dans les affres de la fin de l'année, à la veille du départ en vacances.

Au moment où je l'ai reçu, je ne savais encore rien des intentions d'Albin Michel et la teneur de votre lettre me trouve encore aujourd'hui très embarrassé car si j'ai reçu en seconde lecture un manuscrit, ce n'est pas celui que vous avez bien voulu me signaler mais celui d'un certain M. Fejtő sur la vie de Joseph II.

Je vous savais travaillant sur les Thibault qui nous ont donné raison contre Dante.

Si vous avez un exemplaire de trop de votre histoire de la littérature hongroise, veuillez songer que je le lirais avec plaisir. Ici, je suis assez sevré de tout ce qui est littérature hongroise. Les journaux renseignent trop mal et avec trop de retard! Je compatis à votre fatigue, si ce n'est qu'en la comparant à la mienne qui est colossale car j'ai eu un hiver très dur.

L'inquiétude générale qui règne ici du fait de la situation internationale n'est pas non plus faite pour reposer. Les alertes se succèdent. Le 21 mai dernier, nous avons été à deux doigts de la mobilisation générale...

Si je comprends bien ce que je lis dans les journaux hongrois, je crains qu’on ne s'abuse sur les véritables dispositions des nations démocratiques d'Occident qui sont décidées à ne pas subir davantage le chantage d'un Mussolini aux abois ou d'un Hitler complètement débordé par des propres troupes. Si ces messieurs insistent par trop, ils auront la guerre et je crois que cela n'arrangera pas du tout leurs affaires car ils seront écrasés comme jamais personne ne l'a été au cours de l'histoire.

Ce qui se passe chez vous m'attriste. Vos gouvernants sont en passe de ruiner définitivement ce qui restait de prestige moral à la Hongrie!

Mais puisque nous n'y pouvons rien, reposez-vous et dites nos souvenirs à tous chez vous. Croyez-moi, mon très cher ami, votre indéfectiblement dévoué

Aurélien Sauvageot