SA028
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (24-10-2017)
Folio number: 2
Très cher ami,
merci pour votre lettre qui me parvient après la conclusion du Congrès, c'est-à-dire, après la bataille. La notion de l'Yonne n'a pas été discuté; on l’a rêservée pour le prochain Conseil National où Déat la défendra en la rattachant à sa propre motion qui a fait l’objet d’un vote de la Fédération de la Marne. La question n'est donc pas enterrée. Pour des raisons de tactique, je retire ma motion et bloque sur celle de Déat, plus large et plus extensive.
J'ai dû en effet prendre position sur une autre motion pour des raisons intérieures au Parti. J'ai voté pour le Congrès sur la motion d'extrême gauche, à laquelle je voulais assurer par là une reprèsentation dans les organismes centraux du Parti. Nous avons réussi à faire passer 4 camarades de notre nuance à la Commission administrative permanente et c'est un assez beau succès. Ce qui est curieux, c'est de constater que dans la question de la révision des traités de paix, la droite et l'extême gauche marchent ensemble, alors que le centre reste indécis.
En ce qui concerne, le dictionnaire, je suis bien de votre avis. J'ai envoyé à Balassa ce qui me restait des dernières épreuves, à savoir la feuille 24. Je n'ai plus par devers moi que les placards jaunes et encors seulement jusqu'à la fin d'R. J'attends le reste.
Si vous voyez Balassa, soyez assez aimable pour lui dire mes respects et pour lui demander ce qui se passe du côté Sternberg. Je n'ai toujours rien reçu de ce côté-là et je commance à m’en inquiéter.
Ces jours-ci, je n’ai guère pu travailler. Outre les affaires que vous savez, j’ai été obligé de reprendre contact avec une quantité de personnalités et, at last but not at least, je déménage.
Aussi, je vous demanderai de bien vouloir prendre note de ma nouvelle adresse qui sera désormais la suivante :
3, rue Fernand Widal – Paris (13ème).
Vous seriez infiniment aimable de la communiquer chez Dante, ce qui m'évitera la peine de leur écrire.
Si vous voyez Erdős ou Biró, vous pouvez leur dire que je prends mes dispositions pour la rédaction de la deuxème partie et que je suis en train d'étudier divers procédés pour rendre le travail de rédaction plus rapide. Mais cela exige tout une adaptation. Voici en effet comme je vais procéder: je prends la liste de mots de Balassa et je la lis, en fournissant mentalement tous les équivalents français. Je cherche ensuite ceux que je n'ai pas pu fournir immédiatement par la pensée. Après, je pèse, toujours mentalement, la valeur de ces traductions. Enfin, je prends le manuscrit d’Ujvári et je rédige les articles successivement. De cette manière, je vais plus vite et plus sûrement, mais au prix d'un effort mental incomparablement plus considérable, comme vous vous en rendez compte aisément. Il s'agit en effet de garder présente à l'esprit une simultanéité considérable de notions et de formes diverses. Cela exige un état de tension mentale assez fatigant. Enfin, nous allons toujours essayer, nous verrons bien jusqu'à quand nous pourrons tenir à ce régime.
Ici, à part ce que je vous ai déjà dit, il n’y a rien de bien nouveau. J’ai à peine pu aller jeter un coup d'oeil à l'Exposition coloniale et je le regrette car le peu que j’en ai vu m'a montré qu'elle est extrêmement intéressante. Si vous avez l’occasion de venir à Paris cette saison, il faut absolument que vous la visitiez.
Veuillez, je vous prie, présenter mes hommages à Madame Benedek et croyez que je suis votre tout dévoué: