SA025
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (01-09-2017)
Folio number: 2
Cher ami,
[...] Cela m’amne à fournir à mon tour quelques précisions. Vous vous êtes demandé comment il se faisait que je me suis comporté autrement que mes deux autres compatriotes, à leur tour très différents l’un de l’autre. C’est que la raison de ma présence chez vous était toute autre. Elle était le résultat de résolutions prises en 1917, à la suite de la mort de Robert Gauthiot. Ce séjour en Hongrie faisait partie de ma préparation scientifique en vue d’occuper la chaire de langue finno-ougrienne qui était prévue aux Langues Orientales. Ceux dont ma carrière dépendait m’ont, comme je l’ai rappelé, imposé de changer d’études. Du scandinaviste que l’étais, on a fait un spécialiste des langues ouraliennes. En termes d’aujourd’hui, j’ai été « programmé ». Comme l’a expliqué l’un des auteurs du projet de loi fondant la chaire en question : « cette chaire n’a pas été créé sur mesure pour l’homme qui l’occupera, c’est cet homme qui a été préparé pour cette chaire ». J’étais d’ailleurs l’unique candidat pour cette raison qu’il n’était pas possible de destiner plusieurs personnes à une chaire très spéciale qui ne pouvait pas être occupée par n’importe quel universitaire, si brillant fût-il. Or l’administration hongroise de l’époque, soit Klebelsberg soit Magyary Zoltán, n’a jamais compris cela. Par contre, les linguistes l’ont tout de suite saisi, en particulier Melich qui, du coup, m’a pardonné d’être un citoyen français. Ce qui a surpris par contre mes collègues universitaires, c’est que je me sois intéressé également à la littérature, l’histoire etc. de la Hongrie. [...]