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Franco-Hungarian Literary Relations

RG003

Institut Missionnaire 5, rue du Vieux-Pré Dreux
Date: 10-10-1960
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (18-05-2018)
Folio number:

Cher Monsieur Rab,

Dans le bouquin ci-joint, qui appartient à Mr Blattes, il m’a semblé que l’étude sur Thornton Wilder vous intéresserait. Vous m’aviez parlé un jour de son « Pont de Saint Louis Roi ». Vous verrez que la signification en est discutée. Mais ce qui est dit en général du mélange de théologie et de réalisme chez Wilder me parait de nature à éclairer votre propre cas.

Le voleur dans la forêt... St Martin et les voleurs... L’idée qui me trotte dans la tête est celle du désintéressement quant à la propriété. D’une certaine façon les nations chrétiennes spoliées par les Russes l’emportent sur leurs vainqueurs. En France l’Eglise qui s’est vu voler ses biens lors de la séparation de l’Eglise et de l’Etat voilà 60 ans, est sortie plus forte de ce brigandage. Il y a là une idée sous-jacente...

Selon une formule qu’on retrouve dans plusieurs légendes anciennes, un saint homme attaqué par les brigands se laisse dépouiller sans mot dire sous la menace de leurs armes, mais comme ils vont s’enfuire, soudain il les rappelle : ils ont oublié quelque chose, qualque pièce de monnaie cousue dans un pan de sa robe. Il tient à la leur donner aussi puisqu’il avait dit : je n’ai rien d’autre.

...Alors le chef des brigands, intrigué, laisse aller ses hommes et fait un bout de chemis avec cet étrange voyageur si peu attaché à sa fortune...

(...Et j’imagine que dans le coeur de Martin il y a eu tout un combat. Va-t-il rappeler les brigands, c’est-à-dire tourner bride et les rattraper ? Peut-être, ce qu’il a à leur donner, est-ce un cadeau précieux pour sa mère, ou un cadeau que lui a fait sa mère si on met cet épisode au retour de Sabaria, quelque chose à puoi il tient beaucoup, ou qui pourrait l’aider à soulager les pauvres ? Mais il accepte de tout donner, par détachement de ce qui est matériel corporel et à partir de là il voit soudain son pouvoir s’affermir sur les âmes.) Prestige d’une Eglise pauvre.

Je verrais très bien toute la trouppe arriver dans un village où on offre un sacrifice aux idoles. L’histoire de l’arbre qui s’écroule. Conversions ?

Peut-être le chef des brigands a-t-il voulu le délivrer par la force. Martin l’en a empêché : il préfère s’abandonner à la P[ ?]itence qui fera un signe en sa faveur pour éclairer ces pauvres gens.

Je cherche qui pourrait incarner le diable dans tout cela ? Il n’est peut-être pas nécessaire de le matérialiser. Mais donner une raison à ce sacrifice : quelque division, quelque taine dans le villages. Martin, prèche la réconciliation et il est écouté.

Amicalement

R P Bourdeau