IGY006
Language: French
Repository: Private ownership
Document type: Typed letter
Publisher: Tüskés Anna (29-10-2017)
Folio number: 2
Cher Monsieur,
Me référant à notre entretien de ce jour et à ma lettre du 23 avril dernier, j’ai l’honneur de vous confirmer que je serais particulièrement heureux de prévoir l'établissement d’une Convention entre nous en vue de la reprise de la revue "Présence", sur les bases ci-après:
1) Créée en 1932 à Lausanne et Genève, par M. Jean Descoullayes et moi-męme, "Présence" est une revue internationale des Lettres de tendance largement humaniste, qui parut jusqu’en 1936 avec la collaboration de nombre d’écrivains de tous pays. Elle s’est attachée, dans le cadre d’un organe d’expression française, à susciter de nouveaux échanges entre les littératures, et s’est autorisée dès sa fondation d’un "humanisme nouveau” dont la définition a sans cesse guidé ses recherches. "Présence" a su grouper de 1932 à 1936, puis en 1946 sous la seule direction de M. Gilbert Trolliet, de très nombreux écrivains suisseset étrangers, parmai lesquels Paul Valéry, Thomas Mann, Panaît Istrati, Jules Supervielle, Bernard Shaw, Herbert Read, T.S. Eliot, {Patrice de La Tour du Pin|}, Marcel Raymond, C.F. Ramuz, Jean Casscu.
2) "Présence" paraîtrait mensuellement sur 64 à 70 pages à partir de fin octobre ou de fin novembre prochain, sous la direction littéraire de M. Gilbert Trolliet, Elle serait dotée d'un comité groupant les personnalités suivantes: MM. Jean Paulhan, Paul Eluard, Albert Camus (France), Jules Illyés (Hongrie), Edmond Gilliard, Jacques Chenevière (Suisse), Elio Vittorini, Eugenio Montale (ou Alberto Moravia) (Italie), T.S.Eliot ou Herbert Read (Grande-Bretagne)
3) Le contenu de la revue, dans la proportion en moyenne de 20%, serait réservé à des textes émanant d’écrivains de nationalité hongroise ou consaorés à la vie intellectuelle et à la littérature hongroises. Cet apport serait fourni à la revue sous la direction et sous le contrôle de MM. Jules Illyés et Miklos Hubay, en accord avec la direction littéraire de "Présence”. Le comité de la revue trancherait tout cas de contestation pouvant intervenir, à cet égard, entre les deux parties.
4) M. Jules Ortutay assurerait à la revue "Présence" les frais de publication d’un premier exeroice de 10 numéros, jusqu’à concurrence d’un montant de 2600 francs suisses par numéro devant couvrir: a) les frais d’impression, b) les frais d’expédition et d’administration, c) le montant des honoraires aux auteurs. Le No.1 ferait l'objet, toutefois, d’un versement de 3000 frs., certains frais de propagande étant prévisibles.
5) Le revue se préparerait à paraître sitôt versement à Genève d’un montant équivalent au prix de revient de 5 numéros. Ue montant serait versé aux mains d’une personnalité ou d’un établissement désigné par M. Jules Ortutay. et qui en assurerait le gestion.
6) Au titre d’indemnité pour son travail de directeur littéraire et de rédacteur en chef, M. Gilbert Trolliet recevrait mensuellement 200 frs. suisses à prélever sur le montant en question à dater de la période de préparation effective de la revue.
7) L’administration de la revue serait domiciliée dans une maison d’édition ou dans un établissement à convenir, à Genève. Un expert-comptable, désigné d’un commun accord par les deux parties, assurerait le contrôle des comptes et établierit un bilan semestriel ou annuel.
8) Le montant des honoraires aux auteurs et celui des honoraires du directeur littéraire s’établiraient au prorata des possibilités financières de la revue résultant de la vente, de la diffusion étrangère, do l'abonnement de la publicité. L’expert-oomptable susmentionné ferait office de conseiller à cet égard, sur la base des résultats atteints.
9) M. .Jules Ortutay, ou son mandat, surait droit au 20% du bénéfice net réalisé par la revue après déduction des montants articulés sous 8). Par ailleurs, la collaboration hongroise à la revue serait maintenue, en tout temps, dans la proportion de 20% mentionnée sous 3).
10) Le bénéfice net réalisé par la revue, s’il devait excéder au terme de l’une des trois premières années le montant de francs suisses, servirait au remboursement ou à l’amortissement du subside mentionné sous 4), lequel ne serait du reste pas considéré comme une dette contractée par la revue "Présence” envers M. Jules Ortutay.
11) La revue "Présence" demeurerait la propriété littéraire de M. Gilbert Trolliet, qui a été dément autorisé à en reprendre la publication par lettre du Ministère Publie Fédéral, Berne, en date du 14 aoűt 1945.
12) Au terme d’un premier exercice d’activité de six mois ou d’une année, une nouvelle Convention pourrait ętre établie en vue du développement de "Présence", de sa constitution éventuelle en société, de la création d’une société d’édition rattachée à la revue, etc.
Je vous remercie de votre obligeante attention, et vous prie de croire, cher Monsieur, à mes sentiments les meilleurs.