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Franco-Hungarian Literary Relations

BM025

7 rue Saluces, Avignon, Vancluse
Date: 02-07-1928
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (01-09-2017)
Folio number: 2

Cher Monsieur,

Croyez bien que si je ne vous ai pas écrit plus tôt, ce n’est pas que l’envie m’en aie manqué. Mais le temps est si court et on a tant de choses à faire, au Lycée et à la maison. Autrement j’aurais été si heureux d’entrer plus étroitement en rapports avec vous. Quelle joie de savoir qu’à travers le monde il y a une petite minorité (Oh ! bien petite, chez nous en France du moins) d’hommes qui pensent en commun, qui se réclament de la même religion d’humanité et qui s’aiment sans se connaître. Pourquoi faut-il que les nécessités et le train quotidien ce la vie leur rendent si difficile le bonheur de se dire  leurs sentiments et d’enrer en communion plus intime ! Heureux encore quand une circonstance leur met la plume à la main. Aujourd’hui cette circonstance la voici. J’ai vainement chercher à traduire le livre de Hatvany. Au mieux j’ai vainement essayé de le faire éditer, car j’en ai traduit une grande partie. Mais j’ai pu tout de même faire paraître dans le numéro de Mai d’Europe une petite étude sur Hatvany qui m’a valu (précieuse récompense) les félicitations de R. Rolland. J’ai envoyé il y a six semaines un exemplaire de la Revue à Madame Hatvany en imprimé recommandé accompagné d’une lettre où je lui affrai de faire une 2e etude si Madame Hatvany voulait bien me faire parvenir quelques documents nouveaux, depuis la condamnation. Il la priais dans une lettre de vous faire parvenir la revue. Je cite votre nom dans mon article. Je désirais donc que vous le lisiez. (et je ne dispose que de deux No).

Et depuis c’est le silence absolu. Je n’ai aucun nouvelle. Je crains d’importuner Madame Hatvany en lui écrivant de nouveau. Ou bien mon article ne lui aurait-il pas plu ? J’en serais stupéfait et navré !

Pourriez-vous me donner la clé de ce mystère ? Ou Madame Hatvany n’aurait-elle rien reçu du tout, mon double envoie ayant été arreté par la censure ? C’est encore possible. Pourtant je ne crois pas que votre [ ?] aille presque là – surtout pour une lettre ?...

Je compte sur vos sentiments fraternels pour essayez de savoir quelques chose. Et en même temps laissez moi vous poser une question que vous ne trouverez pas indiscrète de ma part étant donné les sentiments d’affection profond que j’ai pour vous. A quelle occasion votre odieux gouvernement vous a-t-il révoqué ?

Je collabore à une édition pour la jeunesse et je viens de faire paraître des pages choisies de R. Rolland. Je vous envoie un exemplaire du fascicule par le même courrier.

Si vous en avez le loisir parlez moi longuement de vous dans votre lettre. J’aurais plaisir à vous connaître personnellement davantage. De profondes amitiés se sont créées par lettres entre gens qui ne se sont jamais rencontrés. Je crois que R. Rolland n’a jamais vu Gorki !...

Je vous envoie l’expression de ma fraternelle et profond affection.

Sauvageot