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Franco-Hungarian Literary Relations

DT008

168, avenue Victor-Hugo Paris XVIe
Date: 19-05-1964
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Reading report
Publisher: Tüskés Anna (22-08-2017)
Folio number: 1

Chère Madame,

Nous avons étudié le manuscrit de Tibor Denes que vous aviez transmis à M. Montigny. C’est malheureusement à une conclusion négative que nous avons aboutie et je voudrais vous en dire brièvement la raison essentielle.

En fait, l’auteur n’a pas choisi son thème ; il n’a pas cerné son sujet et ce manuscrit apparait composé de deux parties qui n’ont entre elles que des rapports un peu artificiels. C’est sans conteste, la deuxième partie, consacrée au drame du conflit hungaro-russe, qui nous a semblé la meilleure : elle est plus sentie, plus narrative, plus descriptive ; elle peut presque passer pour un témoignage, et un témoignage très émouvant. Les meilleures pages en sont évidement celles où l’auteur donne la parole à des personnages qu’il a, sans doute, connus réellement ; mais, au lieu de s’en tenir à cette peinture du destin d’un pays déchiré, à cette souffrance ressentie par le héros à cause justement de ce destin, l’auteur a ajouté une partie romanesque beaucoup moins réussie ; le portrait de Georges n’est pas du tout convaincant : souvant maladroit, souvant plein d’invraisemblance, cette peinture psychologique finira dans la troisème partie par être complètement décrochée d’un minimum de réalité : la description du délire fébrile et comateux qui prélude à l’agonie de Georges est, en fait, un amas de citations et d’intentions obscures, de phrases hermétiques, d’images brumeuses qui, en effet, sont peut-être celles d’un délire mais qui sont absolument incompréhensibles pour le lecteur.

Je vous ai répondu très franchement sur ce livre et j’espère que vous ne m’en voudrez pas ma sincérité : j’y vois le meilleur moyen d’aider les auteurs.

Avec tous nos remerciements pour avoir songé à nous soumettre ce manuscrit, et nos regrets pour notre refus, je vous prie de croire, chère Madame, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Jacqueline Trabuc