BLE_PIM069

Date: 11-04-1984
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (22-09-2017)
Folio number: 3

Vous n’allez pas me croire, cher Monsieur, si je vous dis que votre lettre du 28 février m’est arrivée ce matin, 3 avril, et c’est pourtant la simple vérité. Il faut croire qu’en ces temps de crise économique nous en revenons à l’époque des estofettes qui parcouraient jadis vingt lieus par jour. Et encore, même à ce rythme, votre lettre aurait dû ma parvenir beaucoup plus tôt.

Toujours est-il qu’il me faut vous dire qu’à la faveur de la conférence que j’ai donnée le 15 mars sur Csoma de Kőrös à la Société de géographie, j’ai fait la connaissance de M. Antoine de Gerando, dont vous m’aviez signalé le nom lors de notre rencontre en janvier, mais que je n’avais jamais rencontré. Je savais seulement de lui que, fidèle au sang magyar qui coule dans ses vènes, il continuait de porter intérêt à tout ce qui touche à la Hongrie. C’est ce qu’il m’a confirmé lors du court entretien que nous avons eu à l’issue de la cérémonie. J’aurai certainement l’occasion de le revoir, précisément pour une raison que vous évoquez dans votre lettre : son grand père Attila fut jadis membre de la Société de géographie. Il faudra que je trouve le temps de compulser un jour les archives pour savoir ce qu’il a fait au juste et ce qu’il a dit ou écrit.

Pour le moment, je limite mes efforts à Csoma, dont je m’efforce de faire connaitre la vie singulière et l’oeuvre scientifique en publiant des articles ou en donnant des conférences. Ce n’est pas très facile, à vrai dire, car la tibétologie est une branche finalement très peu courant de l’orientalisme. Néanmoins, à force de sonner aux portes, si je puis dire, j’ai déjà réussi à placer une quinzaine d’articles qui contribueront, je l’espère, a révêler la personalité de ce grand voyageur hongrois. D’ores et déjà je m’en déclare satisfait pusiqu’avant moi il n’y avait rien.

J’ai regretté d’apprendre que François Gachot a oublié mon nom. Il faut croir que la sympathie que j’étais allé lui témoigner personellement lorsqu’il dut quitter la Hongrie à la suite de l’affaire Rajk n’a pas eu d’effet marquant sur sa mémoire. J’avoue en tête marri.

Je n’ai pas encore reçu votre livre « Tramontana », nouvelle preuve, s’il en est besoin, de la marche defectueuse des services postaux. C’est avec grand plaisir que j’en prendrai connaissance, comme je l’ai fait d’« Arpadine » et des coupures de presse que vous aviez eu la gentillesse de m’adresser.

Je viens de lire l’article qu’István Sőtér vous a consacré dans « Kortárs » et je pense comme lui que vous vous luscrivez dans la liguée illustre de ces auteurs hongrois qui ont consacré beaucoup de leur temps à faire connaitre cette partie de notre histoire, la grande comme la petite, qui nous est commune : Eckhardt, Molnos, Lelkes, Hódinka et d’autres encore. Mais vous avez su ajouter à vos recherches ce côté anecdotique et ce style très vif du couleur qui font le charme de vos livres.

Entre temps, je veux croire que les photocopies concernant Elisée Redus vous sont parvenues. C’est le voeu que je forme, cher Monsieur, en vous assurant de mes meilleurs sentimants.

B. Le Calloc’h