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Franco-Hungarian Literary Relations

SZGY002

Paris
Rédaction du Pesti Naplo à Budapest Hongrie
Date: 17-07-1905
Language: French
Repository: Petőfi Museum of Literature
Document type: Letter written by hand
Publisher: Tüskés Anna (24-08-2017)
Folio number: 3

Mon cher ami.

Vous devez vous demander et avec une mortelle inquiètude ce que je deviens. Depuis que vous êtes parti pour Budapest je m’ennuies beaucoup car je suis seule ici. Depuis 8 jours je ne suis pas sortie si ce n’est qu’avec Melle Macarovsky le 14 Juillet. Nous n’avons cessé de toute la soirée de parler de ce cher Szini votre souvenir ne s’effacera jamais je penserai toujours aux bonnes soirées passées ensemble Melle Marie me cause de vous avec un tel entrain que j’en suis charmée. Enfin cher Szini que faites-vous que devenez-vous ce sont milles questions que je me pose depuis votre départ. Quant à moi que vous dirais-je ma santé n’est pas très bonne de ce moment-ci je m’ennuis beaucoup et pleure souvent. Je suis une fois de plus fâchée avec ma famille. Je ne suis contente que lorsque je reçois de vos nouvelles vos cartes me font un grand plaisir aussi je vous demanderais une grande lettre que j’attends avec impatience.

Le 14 Juillet fut une journée des plus tristes pour moi je me reporte un an en avant c’est-à dire 1904 où j’étais en famille et aujourd’hui c’est bien fini j’en souffre croyez-moi. Je voudrqis être à côté de vous pour me consoler. J’ai passé toute la journée enfermée chez moi je ne suis sorti qu’à 8 heures dus soir pour aller chercher Melle Marie nous nous sommes promené jusqu’à 11 heures du soir je l’ai reconduit puis je suis rentrée chez moi plus triste et plus désemparée que jamais au milieu d’un tintamare épouvantable qui au lieu de me distraire me chagrinait j’ai beaucoup regretté que vous ne soyez pas rester pour cette fête elle eût été plus gaie pour moi vous m’auriez donner de la joie mais vous êtes un peu trop loin pour vous dire combien votre souvenir m’est cher. Vous me dites que vous vous ennuyez de moi cela se peut mais je ne crois pas tant que moi.

Le 15 Juillet journée orageuse le matin à 9 h je me suis disputée avec une personne de la maison à 11 heures je fus forçée d’aller chez un pharmacien acheter du pyramidon pour le mal de tête à 3 heures j’ai été à une conférence religieuse au Manège St. Paul à propos de la séparation retour à 6 heures dîner puis je suis sortie vers 9 heures pour me distraire je suis allée entendre la musique militaire (Place des Vosges) je suis rentrée à 10 heures ½ je me suis couchée et voilà une journée de fête passée assez tristement.

Le 16 Juillet journée d’ennui triste à faire pleurer les roues d’un corbillard. Je ne suis sortie qu’à 7 h pour aller chez cher Melle marie nous sommes sorties ensemble puis je la quitte à 9 h ½ au métro Hotel de Ville. J’entre dans un café Place de l’Hotel de Ville et vous écris cette lettre de la terrasse ensuite je vais rentrer me coucher un peu plus contente de vous avoir dit mes 3 jours de fête. J’espère mon cher Szini qu’il n’en est pas de même pour vous et que vous vous êtes bien amusé vous auriez vraiment si cela était le contraire eut tort l’on me disait dernièrement d’être philosophe j’essaie mais je ne peux pas. Faites donc votre possible pour l’être.

Votre belle Paloma se meurt d’ennui ici à Paris et je voudrais pouvoir être près de vous. J’attends donc avec impatience mais ne desespère pas d’aller vous rejoindre à Budapest. Quand aurais-je ce bonheur. Bientôt j’espère !... Il me tarde de quitter ce Paris ville de misères et de débauches. Ici l’on pleure et l’on rit. On s’amuse et on s’ennuie. Voilà Paris. Ce Paris que je voudrais quitter. Mon cher Szini que vous dirais-je de plus. Rappellez-vous de l’air et chantez vous mes chansons oui j’espère. Je m’en vais terminer cette lettre car il se fait tard je vous prierais donc mon cher Szini de vouloir bien me répondre une grande grrrrrrande lettre et si vous pouviez m’envoyer un peu d’argent je serais bien contente excusez-moi sans gêne mais c’est à vous mon meilleur et mon seul ami à qui je puisse m’adresser en toute sûreté.

Enfin mon cher Szini je ne vois plus rien à vous dire dites-moi si Tischer vous a répondu et ce qu’il vous a dit est-il à Budapest. Avez-vous vu Mr. Kemény présentez-lui mes amitiés dès que vous le verrez. Mes respects à Mr. Balla et pour vous mon cher Szini veuillez agréez de votre bonne et malheureuse petite amie française ses meilleurs baisers et ses plus douces caresses.

Votre amie sincère Jeanne Piatre 22 Rue des Barres.

P.S. Faites votre possible pour me trouver quelquechose pour le mois de Septembre et je vous serai très reconnaissante.

Bons baisers et bonnes amitiés

Jeannette